Qu’est-ce qu’un adulte ?

« Qu’est-ce qu’un adulte ? » demande Simone de Beauvoir par la voix de Marie-Thérèse Lemaire, animatrice de l’atelier d’écriture de Salviac, tous les mercredis matins. Qui apporte aussi la réponse : « Un enfant gonflé d’âge ».

 

Adultérin, bâtard : adulte et rien, bas et tard ; comment devient-on adulte dans ce cas ?

Une rose, une femme. A chaque femme sa rose, à chaque femme son homme ? A chaque homme une femme ? Une femme rose ? La dame aux camélias ? Clématite odorante, rosier madame Hardy, jasmin volubile, campanule des Carpates, muscari à fleurs violettes, narcisse et impatiens… Narcissique, et impatient souvent ! Bien d’autres femmes encore ! Et quelques hommes aussi !

 

Révolution des œillets, géranium, harmonium, harmonie des formes, des couleurs, des odeurs. Plaisir des sens. Trouver du sens à sa vie ou la vie elle-même a-t-elle du sens ? Sens, sentiments, sensations, direction, sentir et ressentir.

 

« Un enfant qui a pris de l’âge », l’âge de fer, l’âge du faire et de l’agir dans le sens que l’on s’est choisi. Plaisir d’être et d’accueillir. Un proverbe arabe dit que pour pouvoir accueillir il faut avoir un chez-soi. Ai-je bien un chez moi ? Et suis-je Moi aussi ? Il faut savoir habiter, s’habiter. Ecrire des arabesques comme des mâchicoulis de forme sarrasine, des moucharabieh, des mouchoirs de papier, sensations pour ramer. Pour écrire et ramer !

 

Beau temps, belle mer, pas beaucoup de poissons ! Mer d’huile aujourd’hui et vent de force 4 ; On va pouvoir partir et naviguer. Qu’il pleuve ou qu’il vente, il nous faut bien vivre aussi.

 

Femmes lianes, hommes troncs, rugosité, porosité, douceur, tranquillité. Nature. Forêts profondes et psychologie des abîmes. Utopie, entropie. Anima/animus, yin et yang, rien n’est jamais opposé, tout s’imbrique, tout s’implique, tout s’explique, tout communique.

 

Et je rêve éveillé, je poétise en prose, et coule de mon stylo, en caractères violets, les mots que je m’invente et ceux qui me font vivre, hommes, femmes, enfants de tous pays, dans toutes les langues et toutes les cultures, paysages déserts et montagnes prairies, visages pâles, visages noirs. Passages et sage comme une image d’Epinal. Des petits biscuits Lu que m’offrait ma grand’mère ; le tic-tac d’une vieille comtoise debout dans le couloir et les hortensias bleus poussant dans les ardoises juste au pied du perron. Les yeux écarquillés j’admire sur le carrelage la couleur des vitraux en tâches rouges et bleues, en jaune et en vert d’eau. Je suis l’enfant ébloui et qui rêve et qui rêve. Je suis l’enfant qui rêve. Adultérin, bâtard, comme j’ai bien grandi. J’ai aussi voyagé. Mélanges et métissages, je suis.

 

Tugdual à Salviac, le 8 mars 2017,