Quissac: critiqué, le projet éolien est à l’arrêt

Après plusieurs mois de polémique, les études menées sur le secteur de Quissac par une société éolienne sont arrêtées. L’association d’opposants y voit la preuve d’un abandon du projet. La société parle quant à elle d’une suspension.

Depuis l’été dernier, des études lancées pour l’implantation d’un parc éolien faisaient grand bruit sur les Causses du Quercy. Une association d’habitants de Blars et d’Orniac, vent debout contre ce projet, s’était constituée en août 2020 et avait multiplié les actions pour alerter la population et les élus locaux sur le sujet éminemment sensible. « On a senti tout de suite un manque d’information sur le terrain. Cela a créé beaucoup de tensions dans certains villages. Pour nous, ce n’était pas possible de laisser s’installer un parc industriel de cette ampleur qui avait toutes les chances de s’étendre comme on le voit dans d’autres départements », explique Béatrice Manhès, présidente du SEL, pour Sauvegarde environnement lotois.

Mobilisée contre les prospections menées par la société Eléments basée à Montpellier, l’association s’était focalisée sur Quissac où le conseil municipal avait accepté la poursuite des études tout en lançant une concertation citoyenne dans les foyers de la commune. Un mât de mesures devait d’ailleurs être érigé ces jours-ci sur un terrain de la commune. Mais face à l’opposition qui s’est majoritairement exprimée sur le secteur, le projet est aujourd’hui à l’arrêt. Une victoire pour le SEL convaincu que le parc éolien ne verra pas le jour. « L’abandon du projet est un soulagement », souligne la présidente de l’association.

La société Eléments, de son côté, confirme « un arrêt des études à ce stade visant le portage d’un projet éolien de six à huit éoliennes. »

« Un certain immobilisme qu’on ne voit pas ailleurs »

Amandine Kim Lan, directrice développement, avance plusieurs raisons à cette décision, notamment le refus de l’installation du mât de mesures à Quissac par le Grand Figeac et globalement le manque de soutien des politiques locaux. Il y a quelques semaines, le Parc a officiellement pris position contre le développement de grands projets éoliens sur son périmètre. « On observe dans le Lot un certain immobilisme qu’on ne voit pas ailleurs », estime la responsable de l’entreprise qui se met « en stand-by pour le moment » mais ne désespère pas de travailler localement « sur un projet éolien équilibré et proportionné avec le territoire. » « Le territoire a du potentiel pour créer de la valeur autour de quelques projets bien concertés et emmenés, assure Amandine Kim Lan, se disant consciente des valeurs du territoire. « Nous rappelons qu’un parc éolien peut tout à fait être compatible avec les objectifs de préservation de la biodiversité, du cadre de vie de grande qualité d’un territoire grâce aux modalités techniques et réglementaires, qui ont fortement évolué, de la filière. »

L’installation du mât de mesures refusée

Pour la société Eléments, l’installation du mât de mesures qui devait être réalisée ce mois-ci est « indispensable à la poursuite du projet » qui avait convaincu plusieurs propriétaires fonciers et agriculteurs autour de Quissac. Le Grand Figeac a refusé la demande car « non autorisée par le plan local d’urbanisme de Quissac selon les services communautaires qui instruisent les dossiers des communes. En l’état, l’installation n’était pas possible réglementairement sur la parcelle concernée. » Vincent Labarthe, président du Grand Figeac, rappelle que l’éolien n’a pas été retenu dans le Plan Climat air-énergie territorial « parce que le schéma de développement éolien en Occitanie démontre qu’il y a peu d’intérêt à développer cette énergie sur notre territoire. » La société Eléments réfute l’argument du manque de vent et assure « avoir fait réaliser une étude préliminaire encourageante par un bureau d’études expert en productible de vent. Seul le mât de mesures permettrait de valider finement la ressource d’un site comme celui de Quissac. »
Audrey Lecomte La Dépêche