Regards sur le monde paysan
Le dialogue inédit d’artistes que deux générations séparent, liés par une même attention au monde paysan.
Figure emblématique de la photographie et du cinéma en France, Raymond Depardon est issu d’une famille d’agriculteurs de Villefranche-sur-Saône. Très tôt, il parcourt la planète et pose son objectif sur les grands événements de ce monde, politiques, sportifs, médiatiques. Au début des années 1990 cependant, il choisit de retourner son appareil sur le monde paysan dont il est issu. Il réalise alors au cours de plusieurs années une série de photographies en noir et blanc sur les paysan·ne·s de la moyenne montagne, dans les contreforts du Massif central. Au coeur de ces régions en partie désertées, il photographie, sans nostalgie, une agriculture familiale menacée de disparition, pourtant évocatrice d’une possible décroissance à venir. Cette série photographique pose alors les bases de Profils paysans, une trilogie de films réalisée par l’artiste au cours des années 2000.
Nicolas Tubéry est lui issu d’une famille d’agriculteurs de Castelnaudary. Il crée des sculptures et des films inspiré·e·s par son observation des paysages ruraux et du monde agricole et qui démontrent une attention aiguë aux corps, humains et animaux, et aux gestes engendrés par le travail agricole. C’est après des études aux Beaux- Arts de Paris qu’il choisit de porter son attention sur cet univers familier. Le film Profils paysans : La Vie moderne de Raymond Depardon n’est d’ailleurs pas étranger, parmi de multiples sources d’inspiration, à cette orientation artistique de Nicolas Tubéry. En 2022, il bénéficie de la première résidence en milieu agricole imaginée par la Maison des arts et la coopérative agricole Fermes de Figeac. En immersion dans le Ségala lotois, il imagine un ensemble d’oeuvres, dévoilées pour la première fois dans l’exposition, inspirées de sa rencontre avec les agriculteur·rice·s de ce territoire.
Ainsi réunies, ces deux expériences localisées mettent en images la réalité du travail agricole et les liens qui unissent, sous le ciel, les femmes et les hommes à la terre – terre habitée, terre travaillée.
Avec le soutien de la Fondation Cartier pour l’art contemporain pour le prêt d’œuvres et de la coopérative agricole Fermes de Figeac.
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