Réinventer les colos?
Le protocole sanitaire validé par le ministère de la Santé est attendu ces tout prochains jours. Face à ces incertitudes, l’UCVQ (Union des centres de vacances du Quercy) a ainsi dû se résoudre à faire « le choix douloureux de reporter les séjours prévus pour ce mois de juillet », indique-t-elle dans un communiqué.
Le temps presse. « Les parents sont en demande, les gamins ont besoin de prendre l’air, et nous, faute de protocole, nous n’avons toujours pas de réponses », pointe Mathilde Jérôme, directrice de la Fédé Partir. L’association figeacoise encadre habituellement une cinquantaine de séjours, soit 650 à 800 enfants chaque été. « Aujourd’hui, nous ne sommes pas en capacité de maintenir tous nos séjours », poursuit la directrice. Tous les séjours à l’étranger ont été annulés ; certains en France également. Pour l’heure, 27 seraient maintenus, pour environ 300 enfants : « Nous espérons conserver nos séjours sur notre site de Combe-Longue à Béduer, c’est hyper-rassurant pour nous comme pour les parents ; et ceux où l’on connaît très bien les prestataires (campings) et où notre réseau est très solide. »
Pour la Ligue de l’enseignement du Lot, la donne est un peu différente : ses colonies se déroulent dans ses propres locaux, à Mézels (Vayrac), Auzole (Saint-Pierre-Lafeuille) et Seignosse (Landes). « A priori, le protocole sera plus souple, moins anxiogène que pour les écoles », avance Philippe Rozières, responsable du service vacances enfants. Moins de lits dans les chambres, des groupes plus restreints… il estime entre 30 et 50 % la perte en capacité d’accueil (à l’été 2019, 640 enfants ont été accueillis à Mézels et Auzole). Et le masque ne serait porté que par les adultes.
« Canoë, mini-moto, surf, nos activités sont basées sur le plein air, on pourra les maintenir, mais avec davantage de nettoyage et de désinfection », rassure-t-il.
C’est surtout la vie en collectivité, la restauration, les veillées, les grands jeux, qui risquent d’être impactés par la distanciation sociale : « le vivre ensemble, la base d’une colo », résume Camille Maquaire, responsable des séjours à la Ligue.
« C’est très compliqué, reconnaît Mathilde Jérôme, mais on reste optimiste. Il y a le Covid en plus, mais assurer la sécurité des enfants et leur faire passer de bons moments ensemble est ce qui régit notre métier. C’est ce que l’on veut mettre en place. »
Octopus Ritmo endosse un nouveau rôle
Des contraintes sanitaires trop complexes, trop peu de certitudes, un risque économique trop important : l’association lotoise Octopus Ritmo-Les arts croisés, a dû se résoudre à annuler ses colonies théâtre, cirque et multi-activités qu’elle propose tous les étés sous forme de campement à Belfort-du-Quercy. « D’habitude, fin mai, tous nos camps ados et enfants sont remplis ; là, nous n’avions aucune visibilité », regrette Mariette Bouillet, metteure en scène et directrice artistique. L’association devait d’ailleurs passer de trois à sept séjours cet été, et lancer un camp théâtre et anglais. « Le crève-cœur, ça a été l’annulation de toutes nos activités conduites à l’année, les ateliers, le spectacle au théâtre de Cahors… tout cet engagement des enfants et le travail accompli. »
Alors Octopus Ritmo a décidé de se réinventer, en mettant sur pied des stages théâtre sur une semaine et à la demi-journée, sans restauration ni hébergement, dans les secteurs de Lalbenque, Cahors, peut-être Cajarc, en espérant que les mesures sanitaires permettront une pratique théâtrale satisfaisante. « Nous allons devenir nomades pour apporter un espace de création et de créativité aux quatre coins de Lot, se réjouit Mariette Bouillet. Finalement, cette alternative peut s’avérer très positive. »
Des « colos apprenantes » en préparation
C’est un vœu du ministre Blanquer: proposer des « vacances apprenantes » aux enfants afin de contrer le décrochage scolaire. Si le cadre de ces colos à forte coloration éducative reste à préciser, la Ligue de l’enseignement du Lot s’est positionnée pour labelliser deux de ses séjours: l’un à Mézels axé sur la nature et l’environnement, l’autre à Auzole consacré à la vidéo. « Au début ce n’était pas notre idée, resitue Philippe Rozières. Mais on ne peut pas ne pas aider ces enfants en difficulté, et il y a toujours de l’éducatif dans nos colos. »
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