Rouge Pute, un véritable uppercut et un débat de grande qualité
Dans le cadre de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, la Cie L’échappée belle a frappé fort avec Rouge Pute : trois colonnes de lumière rouge sur fond de scène noir et une contrebasse rouge qui attend. Une femme traîne le fil rouge de sa vie, et à son micro elle va raconter toute la douleur qui l’envahit, ses atermoiements, ses allers-retours… Il y a de grands moments d’espoir et à nouveau la chute, les cris, les larmes. Martine Costes-Souyris est émouvante et investie par ces écrits recueillis par Perrine Le Querrec auprès de femmes violentées… Elle est accompagnée par la contrebasse de Sylvain Colin, bouleversante, traduisant l’émotion vécue, la voix grave de l’homme qui agresse et les cris de la victime. Les lumières sont comme un tableau peint sous les yeux du public. Patrick Denjean crée les ambiances en accord avec la musique, cris, angoisses, ombres, rouge, blessures… Pas besoin de mots, la douleur et la force de résister, l’anéantissement et l’espoir… tout y est.
Après le silence recueilli du public et les applaudissements fournis, la soirée s’est prolongée par un riche débat animé par le metteur en scène Enrico Clarelli, Isabelle Comelli de Monpezat, vice-présidente de l’association Pause aux filaos et Geneviève Lagarde, avocate également engagée au service de cette cause. Toutes deux ont insisté sur la qualité du texte, si juste, si vrai. C’est un parcours si difficile de se mettre à distance de l’emprise et il n’est pas facile de s’adresser à l’institution judiciaire. En plus de la souffrance elles vont souvent devoir se justifier, il en découle un fort sentiment de culpabilité.
Écouter et ne jamais juger quelqu’un qui souffre. Pause aux filaos ? Le filao est le seul arbre qui résiste aux ouragans, rester debout ! C’est le nom choisi pour l’association d’hébergement pour les femmes et leurs enfants. Le CIDFF a aussi beaucoup œuvré. Le numéro d’urgence à appeler est le 115 qui donne des adresses d’hébergement. Dans le Lot il y a eu plus de 200 plaintes en 2023 ; la parole se libère. Réaction dans le public : « en 2023 on ne peut plus accepter cela, on se croirait au Moyen Âge ! les hippopotames d’Afrique sont mieux protégés ! »