Sauver le groupe MAEC
Des élus du Comité Social et Economique (CSE) des filiales françaises du Groupe Cahors – MAEC (Cahors), CRDE (Mercuès), Lacaze Energies (Leyme), Transfix (Toulon), Pommier (Bagnères-de-Bigorre) et Cahors International (Paris) – ont tenu une conférence de presse ce 2 février à la Bourse du travail à Cahors.
« Depuis plus d’un an et l’adossement du Groupe Cahors avec la société Epsys, les salariés subissent les actions du nouvel actionnaire du Groupe, Grégoire Libert. Il n’est pas acceptable que des salariés soient licenciés à tour de bras, que des sociétés soient mises en situation de cessation de paiement du jour au lendemain, que les actifs du Groupe aient été vendus, que les investissements promis ne soient pas mis en œuvre… » ont rappelé les représentants du personnel avant de tirer le signal d’alarme : « Nous n’avons aucune visibilité sur la stratégie menée par Monsieur Libert, une grande partie de l’encadrement a été écartée, de nombreux licenciements pour fautes supposées ont été réalisés générant des contentieux. Nous assistons, impuissants, à un démantèlement du Groupe préparé en amont avec les nominations d’hommes de paille sur certaines entités. En 12 mois, nous avons subi 9 plans sociaux : PLE à Transfix, à MAEC, au Groupe Cahors (2), chez Pommier (2), à Epsys (2), un PSE d’envergure en cours chez MAEC. Une demande de Prêt de Garantie de l’Etat (PGE) a été formulée pour chaque site auprès des banques, avec un refus de celles-ci. M. Libert nous a signifié qu’il avait dans un 2ème temps sollicité le ministère de l’Economie pour obtenir gain de cause, sans résultat. Les élus ont demandé que la direction apporte une preuve des sollicitations auprès du ministère, mais nous n’avons aucun retour. Le ministère aurait conditionné l’obtention d’un PGE à la réalisation d’un audit financier, mais M. Libert l’aurait refusée : quelle en est la raison ? Depuis fin 2020, l’ensemble des sites de production a changé de statut juridique pour devenir des entités complètement indépendantes les unes des autres juridiquement et financièrement, donnant à M. Libert toute latitude pour vendre ou mettre en liquidation certaines sociétés qu’il a rendues artificiellement fragiles comme Cahors International. Les salariés sont très inquiets pour leur emploi et l’avenir du Groupe. Nous ne comprenons pas la stratégie de M. Libert, l’absence de projet industriel et commercial. Il n’y a pas ou peu de communication de la direction et un manque de transparence.»
Et de rappeler les « derniers faits d’armes de l’actionnaire » : dépôt d’un dossier au tribunal de commerce de Paris pour la mise en liquidation de Cahors International, avec une cessation d’activité au 3 février avec 21 emplois en jeu ; un PLE à Lacaze touchant 8 employés.
Face à cette situation, et l’inquiétude dans l’avenir, l’intersyndicale a décidé de faire corps : « Jusqu’à la fin de l’année 2020, les entités luttaient de manière désordonnée mais surtout séparément. Un événement, la tentative de mise en liquidation de Cahors International, a permis de rassembler les entités autour d’un projet commun. Désormais, il n’est plus question de sociétés fonctionnant en autonomie comme le veut M. Libert, mais d’une intersyndicale Groupe unissant ses forces pour stopper l’hémorragie ! Plusieurs groupes de travail ont été mis en œuvre parmi les élus sur différents volets – Social, Juridique et Communication externe -. Les AG du 26 janvier ont permis d’avoir le soutien des salariés pour lancer des actions si la situation venait à l’imposer. Les élus sont prêts à mettre en oeuvre des actions dans les jours et semaines à venir. Depuis la semaine dernière, 4 CSE – MAEC, Transfix, Pommier et CRDE – en plus de Cahors International ont mandaté le cabinet d’Avocats Cahn Wilson pour défendre leurs intérêts et donc celui des salariés. »
Enfin, des revendications ont été remises à Grégoire Libert le 28 janvier suite à un échange de 3 h avec le CSE de MAEC qui s’est engagé à rencontrer les CSE des autres filiales cette semaine et à transmettre en suivant une réponse sur l’ensemble des revendications : apport des 25 millions d’euros promis devant le Tribunal de commerce de Marseille ; investissements dans les outils de production, la RD… ; arrêt des licenciements ; véritable stratégie industrielle ; arrêt des mises en cessation de paiement d’entité du Groupe ; signature d’un accord d’intéressement de Groupe… Ce 2 février, aucune date n’avait encore été planifiée. Conclusion des élus du CSE : « L’objectif est de sauver le Groupe. »
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Avec Groupe Cahors, Epsys s’impose dans les transformateurs électriques
Par Laurent Marcaillou Le Point Publié le 7 nov. 2019
Le holding d’Epsys, leader français des postes de transformation électrique, rachète le fabricant d’équipements de réseaux d’électricité et de télécoms Groupe Cahors, quatre fois plus gros que lui, dans une procédure de conciliation au tribunal de commerce. Le groupe lotois, fortement endetté, a dû s’adosser pour apurer sa dette.
En difficulté financière, le fabricant d’équipements électriques et de télécoms Groupe Cahors (1.750 salariés) dans le Lot vient d’être racheté par le holding Epsys de Grégoire Libert. Il ne pouvait plus rembourser sa dette bancaire d’environ 100 millions d’euros. Ce passif est dû notamment à des investissements dans deux usines d’équipements électriques de moyenne et basse tension en Afrique du Sud et en Uruguay qui n’ont pas apporté les retours escomptés. Sans oublier la hausse du cours du cuivre. L’entreprise a fait l’objet d’une procédure de conciliation au tribunal de commerce de Marseille. Grégoire Libert l’a rachetée à la mi-octobre et lui a apporté sa société Epsys, qui devient une filiale de Groupe Cahors.
Les anciens actionnaires familiaux de Groupe Cahors ne possèdent plus que 5 % du capital et ont la possibilité de monter à 20 % avec des bons de souscriptions d’actions. Le groupe a apuré l’essentiel de sa dette bancaire et revendu ses usines d’Afrique du Sud et d’Uruguay. Le fonds Idinvest a financé le rachat d’une partie de la dette, sans devenir actionnaire. Issu d’une externalisation de Schneider Electric en 2017, Epsys (300 salariés) à Chambéry (Savoie) est un grand fabricant de postes de transformation électrique de moyenne tension, mais son chiffre d’affaires est quatre fois plus petit que celui de Groupe Cahors (66 millions d’euros en 2018 contre 240 millions).
Intégration verticale
Les deux entités sont complémentaires. Groupe Cahors fabrique notamment des transformateurs de moyenne tension pour les réseaux électriques et des postes de distribution basse tension pour les entreprises. De son côté, Epsys produit des coffres en ciment renforcé pesant jusqu’à 40 tonnes dans lesquels il intègre les transformateurs pour livrer des postes finis. « Nous achetons pour 30 millions d’euros par an de matériel électrique à différents fabricants, explique Grégoire Libert. Nous allons transférer ces achats à Groupe Cahors et nous devenons le leader en France des postes électriques préfabriqués moyenne/basse tension et des raccordements basse tension. »
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Grâce à cette intégration verticale, le groupe prévoit de réaliser un chiffre d’affaires de 340 millions d’euros en 2020. Il emploie 2.050 salariés et possède 10 usines en France, en Espagne, au Maroc, en Inde et en Chine. Il détient la moitié du marché des postes de transformation électrique en France, qui se développe avec le raccordement des énergies renouvelables et des serveurs informatiques. Il s’est diversifié dans les réseaux électriques intelligents en fabriquant les concentrateurs de données des compteurs Linky installés dans les postes. Il a aussi implanté plus de 2.000 bornes de recharge de voitures en France. Le groupe réalise également 8 % de son activité dans les télécoms, en déployant notamment des réseaux de fibre optique.
Laurent Marcaillou
« La mise en liquidation de Cahors International fait mal elle est actée ce mercredi et impacte 21 salariés… Cahors International gère l’export pour toutes les filiales: Epsys, Transfix, Pommier, la MAEC, CRDE, Lacaze Sans l’export, Transfix perd quasiment 20 % de son CA annuel ».