Sècheresse:
Certaines aides de l’Europe sont liées à l’observation par les agriculteurs de règles dont l’application est contrôlée par la région. Ces règles concernent la jachère, l’état et la nature des cultures etc… ce sont entre autres les Surfaces d’Intérêt écologique (SIE)
Mais en période de sécheresse comme celle que traverse le département du Lot, l’arrivée de ces contrôleurs régionaux passe mal : «Les parcours et bois pâturés nombreux sur les Causses, sont passés au crible. Et devinez quoi ? Les éleveurs vont se retrouver sanctionnés parce qu’il n’y a pas d’herbe!» écrivent dans un communiqué les représentants de la FDSEA et du CDJA du Lot.
Les dirigeants agricoles s’interrogent : «Peut-on trouver situation plus grotesque ? Depuis le mois de juin, le Lot connaît une sécheresse sévère. Les éleveurs nourissent en plein été les vaches, brebis et chèvres comme en plein hiver. Les prairies ont été brûlées par la canicule, l’effort de re-semis est énorme et va coûter cher». Dans ce contexte les contrôles arrivent au plus mauvais moment. Les syndicats agricoles ont écrit au préfet du Lot pour que ces contrôles cessent et que le dispositif de calamités agricoles soit activé. «Si lundi ces vérifications continuent sur le terrain, nous allons engager des actions plus fortes» promettent-ils en répétant : «Si c’est la sécheresse, ça pousse pas !»
Surfaces d’intérêt écologique (Wikipedia)
Ces surfaces correspondent aux espaces vitaux pour la Trame verte et bleue nationale en milieu rural, telle que le Grenelle de l’environnement et les lois Grenelle l’ont définie.
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La FDSEA et le CDJA ont écrit au préfet du Lot pour demander l’ouverture d’un dossier de calamités agricoles, perte de fond. De 20 à 40 % des surfaces dévastées
Le jaune paille est partout. Les grandes étendues qui constituaient un réservoir de fourrage sont inexploitables : « Entre 20 et 40 % des surfaces sont dévastées » précise Alain Lafragette, le président de la FDSEA du Lot. Ces prairies permanentes qui n’avaient jamais besoin d’être resemées sont rases. Et lorsque les contrôleurs de la PAC effectuent des vérifications sur place menaçant de déclassement les anciens prés verts, les cultivateurs ont du mal à contenir leur colère doublement victimes des aléas climatiques.
Où trouver du fourrage et à quel prix ?
La sécheresse ne touche pas que le Lot. « On retrouve des situations analogues pratiquement dans toute la France et dans les pays voisins » note le président de la FDSEA. Depuis le mois de juin, les éleveurs lotois puisent dans leurs réserves de fourrage d’hiver pour nourrir leurs troupeaux, il leur faudra bientôt refaire leurs stocks. « Cela devient de plus en plus compliqué pour nos fournisseurs de trouver de la marchandise à des prix raisonnables ». Plus rare, donc plus cher, le prix de la tonne de fourrage pourrait grimper. La reconnaissance de calamités agricoles permettrait aux éleveurs de toucher des aides de l’Etat. Les syndicats agricoles du Lot comptent aussi sur la générosité du Conseil Régional.
J-M Fabre La Dépêche
Est-ce seulement un problème pour cette année?
Les 35 hectares de terre de Luc Borie, près de Catus, sont un exemple de terres menacées par la sécheresse. L’éleveur raconte ses difficultés alors que l’automne s’annonce rude pour sa production.
En 35 ans d’élevage, Luc Borie a rarement vu ça. Son domaine de pâture a souffert du climat chaud qui règne depuis le printemps 2018, si bien qu’il devra piocher dans ses réserves hivernales et des ressources extérieures pour nourrir ses bêtes. Un total de 28 vaches reproductrices mais aussi quelques bœufs constituent son potentiel de production menacé par la sécheresse. «Le problème est davantage lié à la canicule qu’au manque d’eau», précise-t-il en constatant avec nous l’état de terres presque arides sur une partie des 35 ha où elles s’étendent.
À la recherche de verdure
Toute la production qui sort de son domaine est vendue directement aux particuliers et dans les marchés voisins. Il adapte son cheptel en fonction de la demande. Avant toute fatalité concernant le fourrage, Luc Borie a anticipé la chaleur en déplaçant son troupeau sur les zones fertiles disponibles. «Le but est de les amener d’abord là où c’est cultivé, avant d’aller vers des zones plus sauvages», ajoute-t-il alors que nous traversons un bois où l’herbe pousse encore. «Si les bœufs étaient venus paître ici cet été, il n’y aurait plus rien», affirme Luc Borie.
Par sécurité, et pour compenser l’utilisation précoce de céréales en guise d’aliment, l’éleveur du lieu-dit Siffray envisage de commander du foin, de la paille et des céréales. Mais cet achat pour la période hivernale à venir ne lui coûtera donc pas moins de 12 000 €.
À raison de 500 € la tonne selon ses prévisions pour l’ensemble des bêtes. Où trouvera-t-il ces denrées nécessaires au maintien de sa production ? Luc Borie peine à citer les «quelques régions qui ont reçu de la pluie» en France. Finalement, il confie surtout son impuissance à ne pas pouvoir travailler la terre ni la semer en vue du printemps prochain.
Les services de l’ État interpellés
Luc Borie recevait mardi la visite de l’Agence de services et de paiement (ASP) qui gère les deux principaux fonds agricoles européens de la PAC. Le but était de vérifier que le quota de 80 % de terres exploitables en pâture chez l’éleveur de Catus était bien respecté. Il a également reçu le soutien de la Confédération paysanne du Lot par le biais de son trésorier, Pierre Dufour. L’intersyndicale s’adresse aux services de l’État en souhaitant une prise en compte des «conditions météorologiques exceptionnelles» lors des contrôles et réclamant le «réalisme sur le traitement des dossiers» pour procéder «rapidement au paiement des aides aux éleveurs».
Mathieu Delaunay La Dépêche
Les experts internationaux du climat ont présenté, lundi 8 octobre, leur nouveau rapport sur l’évolution du réchauffement de la Terre
Les scientifiques estiment qu’il est encore possible de contenir la hausse moyenne des températures sous la barre fatidique de 1,5 °C Mais cet objectif ne sera atteint que si des mesures draconiennes de réduction des émissions de CO2 sont mises en place par tous les Etats d’ici à 2030 Si la hausse devait être supérieure à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, l’impact écologique et économique serait dramatiquement démultiplié
» Ne pas dépasser 1,5 °C n’est pas impossible, mais cela demanderait des transitions sans précédent « , résume le texte
En savoir plus
La commune de Gourdon a déposé une demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle consécutif à la sécheresse et à la réhydratation des sols pour la période du 1er janvier au 31 décembre 2017.
Après examen par les service de l’Etat, notre commune a vu sa demande acceptée par arrêté ministériel n° INTE1828406A en date du 23 octobre paru au journal officiel n°0254 du 3 novembre 2018.
En conséquence, vous disposez d’un délai de 10 jours à compter de la date de parution officielle, soit jusqu’au 13 novembre 2018, pour établir votre déclaration auprès de votre assureur.
Marie-Odile Delcamp
Maire de Gourdon