Sortie du glyphosate : audition de François de Rugy et de Didier Guillaume à l’Assemblée
À cette occasion, les ministres ont rappelé la détermination du Gouvernement à atteindre l’objectif fixé par le Président de la République de sortir en 3 ans du glyphosate pour les principaux usages. Ces objectifs seront atteints en s’appuyant sur la mobilisation des filières, de la recherche et des citoyens, tout en s’assurant que les agriculteurs ne seront pas laissés sans solutions. Un plan de sortie a été annoncé par le Gouvernement le 22 juin dernier afin de mobiliser l’ensemble des leviers permettant d’atteindre cet objectif, notamment dans un souci de développer et faire connaître les alternatives à l’usage du glyphosate.
Les ministres ont également présenté un point d’avancement des principales actions engagées dans le cadre du plan de sortie. En particulier :
- Un centre de ressources sera accessible d’ici fin 2018 ; il permettra de rendre accessible à l’ensemble de la profession agricole les solutions existantes pour sortir du glyphosate ;
- À cette même échéance, la cartographie des données d’achat et de vente de glyphosate sera rendue publique et les données sources mises à disposition ;
- Avec la ministre des Solidarités et de la Santé, le ministre de la Transition écologique et solidaire et le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation ont saisi l’Anses afin qu’elle procède à la révision des autorisations de mise sur le marché des produits à base de glyphosate. Conformément aux engagements pris par la France, ces nouvelles autorisations n’excèderont pas le 31 décembre 2020 pour les principaux usages et prendront en compte l’existence d’alternatives non chimiques avérées pour certains usages.
La sortie du glyphosate s’inscrit dans l’objectif plus large de réduction de l’usage des produits phytosanitaires et de développement d’une agriculture moins dépendante aux pesticides. Les ministres ont rappelé les mesures d’ores et déjà prévues dans ce cadre et qui connaîtront une mise en œuvre prochaine :
- La loi du 30 octobre 2018 pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous prévoit la séparation des activités de conseil et de vente de produits phytosanitaires. Une ordonnance sera prise avant avril 2019. Cette mesure favorisera l’accès pour les agriculteurs l’accès à un conseil indépendant.
- Les mesures d’accompagnement prévues par le plan Ecophyto 2+ seront renforcées. Une nouvelle version de ce plan sera mise en consultation publique d’ici la fin du mois de novembre 2018.
- Enfin la redevance pour pollution diffuse, qui porte sur les ventes de produits phytosanitaires, sera rénovée et deviendra plus incitative. La taxation des substances sera davantage différenciée en fonction de la dangerosité des substances. Cette mesure est inscrite au sein du projet de loi de finances pour 2019 en cours d’examen au Parlement.
Enfin, les ministres ont annoncé que le rôle de coordinateur interministériel en charge du plan de sortie du glyphosate et du plan d’actions sur les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides serait confiée au préfet Pierre-Etienne Bisch. Il s’assurera grâce à un dialogue régulier avec les professionnels, les instituts de recherche, les associations de protection de l’environnement, les réseaux consulaires, et grâce au soutien des administrations concernées, d’une pleine mobilisation de ces acteurs et de l’atteinte des objectifs qui ont été fixés. Il rendra régulièrement accessible à la mission d’information de l’Assemblée nationale mais aussi au grand public un point d’avancée des travaux.
François de Rugy, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, a déclaré : « Nous sommes déterminés à sortir du glyphosate d’ici fin 2020 : cela correspond à une attente forte de nos concitoyens. Le plan de sortie du glyphosate permettra des avancées concrètes sans attendre fin 2020. Je serai vigilant à ce que nous rendions compte dans la plus grande transparence des progrès réalisés, que ce soit auprès du Parlement ou du grand public ».
Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, a déclaré : « L’engagement du gouvernement vers la réduction de l’usage des produits phytosanitaires est sans ambiguïté. C’est une volonté forte qui a été largement exprimée dans le cadre des États généraux de l’alimentation. Cet engagement nécessite de s’inscrire dans une transition profonde de nos systèmes agricoles en s’appuyant sur l’agro-écologie. Nous devons actionner tous les leviers permettant d’offrir des solutions concrètes pour réussir cette transition avec les agriculteurs ».
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Pesticides, abattoirs, ours… Le nouveau ministre de l’Agriculture fait le point
Didier Guillaume a accordé une interview à « Sud Ouest ».
« Sud Ouest ». Il ne se passe pas une journée sans qu’un dossier lié aux pesticides agite l’actualité et inquiète les citoyens. La consommation de ce même herbicide a progressé l’an passé. Ne fallait-il pas inscrire dans la loi sur l’alimentation des objectifs quantitatifs de réduction des pesticides afin d’accélérer le mouvement ?
Didier Guillaume. « Je suis au nom du gouvernement le ministre de la transition vers l’agroécologie. Une transition irréversible ! D’une part, pour une meilleure protection de la santé publique, notamment celle des agriculteurs, et de l’environnement, l’agriculture doit aller dans cette direction. D’autre part parce que c’est une forte demande sociétale. Plusieurs plans écophyto se sont succédé mais sont restés insuffisants. Vous parlez de non-inscription dans la loi alimentation mais je rappelle que nous nous sommes engagés dans une réduction de l’utilisation des pesticides de 25 % d’ici 2020 et de 50 % d’ici 2025. Et je rappelle également l’engagement d’Emmanuel Macron de sortir du glyphosate en fin 2020. À ma connaissance, il n’y a pas eu d’autres dirigeants européens qui ont eu ce courage. Il faut donc travailler à marche forcée et je demande aux filières, aux interprofessions et aux instituts de recherche d’accélérer le pas.
Chacun a le droit de choisir son mode d’alimentation
Au regard de la dernière affaire en date sur les mauvais traitements à animaux pratiqués dans un abattoir bio de l’Indre, le renoncement à l’obligation de vidéo-surveillance dans les abattoirs n’est-il pas un échec ? Le gouvernement envisage-t-il de nouvelles mesures?
La loi sur l’alimentation a été promulguée le 2 novembre dernier et elle donne la possibilité d’installer de la vidéo-surveillance dans les abattoirs, à titre d’expérimentation, elle oblige la présence d’un responsable de la protection animale et permet à un employé d’être lanceur d’alerte en étant protégé. Parallèlement, je vais intensifier les contrôles car les pratiques dénoncées sont impensables. Ma main n’a pas tremblé pour la fermeture de l’abattoir de Boischaut et elle ne tremblera pas non plus si je dois en fermer d’autres.
Les attaques de boucheries et d’abattoirs par des mouvements antispécistes se multiplient. Quelles sont les réponses du gouvernement ?
Je condamne très fermement ces actes qui sont inacceptables ! Je suis attaché au principe de liberté : chacun a le droit de choisir son mode d’alimentation et une minorité n’a pas le droit d’imposer un modèle. Autant je soutiens et encourage les éleveurs et abatteurs à de bonnes pratiques en matière de bien-être animal, autant je serai intraitable contre ceux qui les agressent et font preuve de violence.
Quand les ordonnances relatives à la loi alimentation seront-elles publiées, notamment celles encadrant l’inversion de la construction des prix et la juste rémunération du producteur ?
La loi a été promulguée le 2 novembre et deux ou trois décrets suivront. Néanmoins, elle est d’ores et déjà applicable pour les prochaines négociations commerciales autrement dit celles qui s’ouvrent maintenant. S’agissant de l’ordonnance sur le relèvement du seuil de revente à perte et l’encadrement des promotions, mon souhait est qu’elle soit publiée d’ici la fin du mois. L’ensemble des filières sont mobilisées pour cette inversion de la construction du prix. Nous visons un double objectif : améliorer le revenu des agriculteurs et développer des produits de qualité, répondant aux attentes des consommateurs, pour le bénéfice de tous.
Je me battrai contre l’agribashing !
Vous avez débloqué un plan d’aides pour accompagner les agriculteurs victimes de la sécheresse. Pour autant la pénurie de fourrage pèse sur la production laitière dont les volumes baissent et les prix repartent à la hausse. Une flambée des prix du lait et du beurre est-elle à craindre ?
C’est effectivement une sécheresse terrible qui touche l’Europe et provoque la pénurie de fourrage. Je regrette la spéculation qu’il y a eue avec la vente à l’étranger de fourrage dont nos éleveurs avaient besoin. C’est honteux ! Le ralentissement de la collecte est une réalité en France mais aussi ailleurs en Europe. Et une réduction des stocks et un relèvement des prix se feront sûrement sentir. Je surveille cela de très près.
Ce vendredi vous êtes en visite dans les Pyrénées-Atlantiques auprès des éleveurs de porcs et des pêcheurs. Quels messages souhaitez-vous faire passer ? Vous ne serez pas au plus près des bergers du département qui ont largement manifesté leur hostilité à la réintroduction des ours, néanmoins, comment vous, « leur » ministre, les soutenez-vous ?
Je suis là pour dire aux agriculteurs que je suis un des leurs. Leur dire également que l’agriculture et la pêche ont un avenir, j’en suis convaincu. Et pour cela, il faut de la formation et une montée en gamme de la qualité et les signes tels que les IGP, les AOC ou les labels sont de bons outils. Je veux également être le ministre de la ruralité et faire en sorte que ruraux et urbains ne soient plus opposés et qu’agriculture et société, agriculteurs et citoyens, se rapprochent et travaillent ensemble. Je me battrai contre l’agribashing !
S’agissant de l’ours, je suis là pour soutenir les éleveurs et faire en sorte que le climat s’apaise et que la cohabitation soit possible. Le plan d’actions Ours brun 2018–2028 vise à concilier la présence de l’ours avec le pastoralisme et diminuer la prédation sur le bétail. Des accompagnements sont également prévus. Nous faisons confiance aux acteurs et aux élus locaux pour dépassionner le débat et construire ensemble cette coexistence sur le long terme.
Mr De Rugy et Mr Didier Guillaume de la poudre aux yeux, que vous nous envoyez là, vous qui avez tout fait pour que l’amendement sur le glyphosate se fasse en catimini , après un marathon législatif à 1 heure du matin après avoir décidé de prolonger les débats arbitrairement avec 85 députés présent sur 577
Jeudi 24 janvier 2019, Emmanuel Macron a déclaré que la France ne parviendrait pas à se passer « à 100% » du glyphosate dans les trois ans comme il s’y était engagé ; on se souvient qu’il avait promis, notamment sur Twitter en novembre 2017, l’abandon de cette molécule controversée, principe actif du célèbre Roundup de Monsanto (une possession de l’Allemand Bayer), mais également employée dans bien d’autres herbicides.
Rapport de l’INRA: Usages et alternatives au glyphosate dans l’agriculture française.
Suite à la lettre de saisine des Ministres de l’Agriculture et de l’Alimentation, de la Transition écologique et solidaire, de la Santé, et de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation du 2 novembre dernier l’Inra a remis le 30 novembre 2017 aux Ministres concernés son rapport sur les usages et les alternatives au glyphosate dans l’agriculture française.
Ce mardi 15 janvier, le tribunal administratif de Lyon a annulé l’autorisation de mise sur le marché du roundup pro désherbant contenant du glyphosate.
Des Toulousains volontaires avaient fait analyser leurs urines en décembre 2018 pour y mesurer le taux de glyphosate. Les résultats ne sont pas rassurants. Ils présentent des quantités jusqu’à 30 fois supérieures à celles autorisées dans l’eau potable. 45 personnes vont donc porter plainte.
France 3