Souillac: le fonds Pierre Betz numérisé
Samedi 18 mars a eu lieu salle Du Bellay à Souillac, la présentation de la numérisation du fonds Pierre Betz, issu des archives détenues par ses héritiers, François Betz et Jean-Pierre Rodrigo.
Souillac a vécu une grande époque culturelle lorsque l’Alsacien Pierre Betz, créateur de la revue artistique «Le Point», est venu se réfugier ici avant la déclaration de guerre. Créé à Colmar en 1936, «Le Point» a poursuivi son histoire à Souillac jusque dans les années 50. Le siège éditorial de cette revue se tenait au café de Paris qui a accueilli Aragon, Eluard, Prévert, Doisneau, Jean-Louis Barrault… et près de 100 collaborateurs à la revue.
«Pierre Betz fut un génie qui a su s’entourer d’amis, il a amené la culture dans ce petit coin du Lot et a donné une des plus belles revues du XXe siècle», souligne Charles Soubeyran, écrivain et historien de Martel, qui l’a côtoyé.
Près de 6 500 documents d’archives ont été numérisés, parmi lesquels les numéros papier mais aussi des courriers d’artistes ou d’écrivains, des anecdotes et des reportages jamais publiés. «La création de ce fonds a été possible grâce à Jean-Claude Laval, à son équipe de la précédente municipalité, et à Geneviève Bouyjou, bénévole à la bibliothèque», explique François Betz. Cette collection est fragile et, lors de la convention de donation à la bibliothèque municipale, la numérisation a été décidée afin de permettre l’accès à tous, chercheurs notamment mais également tout public.
Avant de quitter Souillac pour partir à Paris, ces archives ont nécessité plus de trois années de travail pour être numérisées. Ce fonds est consultable gratuitement sur tablette à la bibliothèque municipale sur rendez-vous. Ceci a développé l’idée de donner vie au sport et à la culture grâce au stock d’archives culturelles et sportives locales qui vont compléter le fonds, et une réflexion est menée sur un concours photos à destination des collégiens du Lot.
Pour conclure, Jean-Pierre Magne, adjoint à la culture, a remis à Hélène Pare et Geneviève Bouyjou le numéro 7 du «Point» manquant à la collection. Reste à retrouver les six premiers numéros de l’année 1936… L’appel est lancé !
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Né à Colmar,le 28 mai 1899, cet Alsacien deviendra un Souillagais suite aux événements de 1939. Contraint de cesser ses études de médecine, pour cause de maladie, il s’orientera vers la photographie qu’il pratiquera jusqu’à la fin de sa vie où il s’efforcera de fixer sur la pellicule devenue plus sensible, la réalité des objets et le quotidien de la vie.
Homme de l’ art, en 1936 il lancera la revue littéraire et artistique » Le Point » qui paraîtra pendant plus de 30 ans. Robert Doisneau, le célèbre photographe, effectuera une série de reportages photographiques pour la revue dont l’un sur le travail de Jean Lurçat à la manufacture d’Aubusson. Avec cette revue il il voulait montrer que la province pouvait trouver une expression artistique valable, que l’art n’a pas à se réfugier dans les capitales.
Homme de cœur et de devoir, pendant la période trouble du début des années 40, il aidera de nombreux réfugiés, comme des évadés des provinces de l’est et touts ceux qui étaient obligés de vivre sous une fausse identité.
Après avoir épousé une Souillagaise, Paulette Sabatier, dont les parents tenaient le Café de Paris, cet estaminet deviendra un lieu de rencontre pas comme les autres pour des amis écrivains et artistes comme Jean Lurçat, Aragon, Claude Roy, Kahweiler ( le marchand de Picasso), Paul Eluard et bien d’autres. Un véritable carrefour littéraire de premier plan. Il devait décéder le 15 août 1969.
La place qu’a occupée Pierre Betz dans l’histoire de Souillac est celle d’une autorité spirituelle incomparable. Pour preuve, qui sait que les grandes valeurs de l’esprit français s’étaient repliées sur le Lot lors de la Seconde guerre mondiale et que certains grands tableaux du Louvre avaient été entreposés par les conservateurs dans les châteaus de Cieurac, Lanzac, la Treyne et Castelnau.
Pour témoigner sa reconnaissance à cet Alsacien devenu un » homme du Quercy, la ville de Souillac donnera le 11 décembre 1977 son nom à la place attenante au chœur de l’ Abbatiale Sainte-Marie.
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Fresques de Jean Lurçat au Café de Paris à Souillac, aujourd’hui disparu.
En 1960, Jean Lurçat a décoré les murs du Café de Paris de peintures représentant les 12 signes du Zodiaque. Une œuvre réalisée par amitié pour Pierre Betz, fondateur de la revue Le Point.
Le Café est resté plusieurs années à l’abandon. Avant qu’on en recouvre les vitres, la salle principale était visible de la rue, quasiment en l’état : banquettes en cuir, bar en zinc, queues de billard. C’est la petite salle d’à côté, plus intime, qui abritait les fresques. Les photos ont été prises par des trouées dans le masquage et, plus tard, lors du bris de la vitre. Cet incident, constaté à 6h30 du matin ne fut pris en compte que plusieurs jours plus tard, et « fermée » par un ruban de sécurité blanc et rouge, et la salle ouverte à touts vents, « sauvegardée » (la vitre condamnée) beaucoup plus tard encore. Pendant cette période, tout le monde pouvait y pénétrer. Heureusement, personne n’a dégradé les peintures.
Quelques mois plus tard,ce qui restait des fresques était ôté pour être exposé en grandes pompes à Saint-Laurent -Les-Tours (*), et le café transformé en agence immobilière, jouxtant une banque en construction.
Je loue l’initiative de la numérisation. Au moins, beaucoup de nos archives seront sauvés, même si les anicens supports (papier et autres) se dégradent au fil du temps.