Souveraineté alimentaire, circuits courts, … à quelques jours du salon, l’agriculture en questions

La FDSEA du Lot a alerté récemment sur les chiffres du secteur des légumes et en appelle à une consommation locale et responsable

Car si ces chiffres mettent en lumière les difficultés du secteur, ils soulignent aussi l’importance de soutenir nos producteurs locaux.

L’occasion d’élargir le sujet avec le 4ème rapport de Terres de Liens qui met l’éclairage sur un modèle alimentaire français  tourné vers l’exportation et qui permet de moins en moins de subvenir aux besoins de la population.

Aujourd’hui, les trois quarts des achats alimentaires se font en grande surface, avec trois enseignes (Leclerc, Carrefour et Intermarché) qui se partagent les deux tiers du marché, « ce qui leur confère un pouvoir écrasant dans les négociations commerciales avec les producteurs ». Un tiers des fruits (hors fruits tropicaux) et légumes que nous consommons sont importés. Entre 1950 et 2020, la France a perdu la moitié de ses vergers. Mais la palme de l’absurdité revient sans doute au blé : avec 250.000 hectares de blé dur cultivé, la production nationale pourrait largement subvenir aux besoins de la population ; seulement, une bonne part de ce blé est destinée à l’exportation. Résultat, « la France importe trois quarts des pâtes et semoules qui nourrissent sa population » – Terres de lien

La récente loi d’orientation a mis l’agriculture au rang « d’intérêt général majeur » et fait de la souveraineté alimentaire un « intérêt fondamental de la nation ».

Mais que recouvre précisément cette notion de souveraineté alimentaire? Dans un article du journal Le Monde, Claire Legros décrypte : « Née pour défendre les petits producteurs face à la libéralisation du commerce des denrées alimentaires, la notion est utilisée aujourd’hui pour promouvoir l’« intérêt fondamental de la nation »

La journaliste poursuit : « La première définition de la souveraineté alimentaire est donnée (en 1995) par La Via Campesina (« la voie paysanne », en espagnol),mouvement mondial de défense des petits producteurs et d’une agriculture locale respectueuse du travail des paysans ».( …) La notion se précise et devient « le droit de chaque pays de maintenir et de développer sa propre capacité de produire son alimentation de base, en respectant la diversité culturelle et agricole ». Il ne s’agit plus seulement d’autosuffisance alimentaire, mais de préserver sur chaque territoire un tissu rural vivant. 

En 2018, la Déclaration des droits des paysans et des travailleurs en zone rurale, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies, marque une nouvelle étape. D’une question économique, l’idée de souveraineté agricole devient aussi un enjeu démocratique et de droits humains.  Et c’est là où le bât blesse selon terres de liens. Le projet de loi agricole aurait « oublié » la question foncière

Parce que pour produire il faut d’abord des terres ( du foncier) et des agriculteurs/agricultrices (producteurs).

Or, on le sait, on le voit, le nombre d’exploitants diminue, des terres deviennent des friches, la taille des exploitations qui restent augmente. Alors comment faire ? Les enfants ne veulent pas reprendre et les nouvelles générations ont du mal à accéder aux exploitations existantes du fait du poids de l’acquisition du bâti et de la valeur moyenne des équipements agricoles qui a doublé en vingt ans.?

La loi d’orientation agricole qui vient d’être validée par une commission mixte paritaire, a prévu la création d’un guichet unique pour les transmissions d’exploitations agricole, baptisé « France Services Agriculture »

Est-ce suffisant ? Pour terres de Liens , atteindre une véritable souveraineté alimentaire ne se fera qu’en faisant évoluer le système agricole et alimentaire, la manière dont on produit, transforme, distribue et consomme l’alimentation »« 

Il ne s’agit pas de plus exporter de viande pour réimporter ensuite du soja. Il s’agit du droit à une alimentation saine, à la préservation de la biodiversité et au respect des droits des petits producteurs.

Mais n’oublions pas que les consommateurs, par leurs comportements alimentaires, sont largement partie prenante de cette « souveraineté alimentaire ». Les changements d’habitudes alimentaires des Français contribuent en effet pour beaucoup à la hausse des importations. L’exemple de la consommation de poulet qui a progressé de près de 40 % en dix ans. Cette évolution spectaculaire doit beaucoup aux repas pris hors domicile, au développement des fast-foods, des sandwicheries, de la restauration collective. Ainsi les enseignes de restauration ont-elles misées sur du produit importé, souvent moins cher à l’achat.

Autre phénomène: les Français se sont habitués à manger tomates, courgettes, aubergines, mais aussi poivrons toute l’année. Même si la production française de légumes d’été étend sa période de production, elle n’est pas rentable l’hiver. Naturellement, les « légumes ratatouille » débarquent d’Espagne et, pour les tomates, souvent du Maroc. La tomate représente désormais 18 % du panier de légumes, loin devant la carotte.

De notre agriculture la chambre d’agriculture lotoise écrit sur son site:

Sur notre département, près d’un quart des agriculteurs pratiquent la vente en circuit court. Les circuits courts progressent, ils concernent 23 % des exploitations

La vente en circuit court regroupe les différents modes de commercialisation en direct ( vente à la ferme, sur les marchés, en tournées, en points de vente collectifs …) ou par un seul intermédiaire (restaurateurs, magasins, commerçants…).

Sont concernés principalement : les vignerons, les fromagers, les producteurs de palmipèdes gras et de volailles, les maraîchers, les producteurs de viandes (bovine, ovine, porcine), les producteurs de fruits et les apiculteurs., pour un total de près de 1000 exploitations agricoles.

Les deux circuits les plus utilisés sont la vente à la ferme, pratiquée par 72 %, et la vente sur les marchés pratiquée par 54 % de ces producteurs.

Enfin, et contrairement à certaines idées reçues, ces exploitations sont parmi les plus grandes et les plus dynamiques, notamment en utilisant davantage de main d’œuvre et d’équipements pour la transformation à la ferme.

Une bonne nouvelle : une note d’information de la revue cairn.info concluait en 2020 que les agriculteurs qui exploitent en circuits courts et de proximité expriment une satisfaction quant à l’exercice de leur métier, un bien-être au travail et une amélioration de la viabilité économique de leur exploitation. En doutait on ?

Sources : terres de liens – Le Monde – Ch Agriculture du lot