Un musée Joséphine Baker à Souillac?
L’exposition « Joséphine Baker, un destin extraordinaire », du 3 juin au 10 septembre, salle Saint-Martin à Souillac, préfigure le premier musée au monde consacré à cette icône, musée que la ville pourrait inaugurer en 2025.
Dans un parcours chronologique et thématique, l’exposition traverse les temps forts de la vie et de l’œuvre de Joséphine Baker (1906-1975).
En préfiguration à ce projet de musée, l’exposition de l’été 2022 exprime le destin hors du commun de la première personnalité afro-américaine entrée au Panthéon. C’est à Souillac, où Joséphine Baker se rendait régulièrement en train depuis Paris avant de rejoindre sa propriété des Milandes, qu’elle croisera un soir Jo Bouillon. Ce musicien jouissait alors d’une grande notoriété en tant que compositeur, chef d’orchestre de Maurice Chevalier et violoniste. Il fréquentait Souillac comme d’autres personnalités telles que Nancy Cunard ou Jean Marais.
La rencontre aura lieu alors que Jo Bouillon répétait son prochain concert aux Granges vieilles, auberge élégante où se retrouvent les personnalités de la ville et les artistes en tournée. La musique soude des liens profonds entre les deux artistes qui se marient en 1947. Dès lors, Jo Bouillon soutiendra passionnément la carrière de Joséphine, en l’aidant à fonder une famille d’enfants adoptés représentant le monde dans toute sa diversité de races et de confessions religieuses, la fameuse « tribu arc-en-ciel ».
Ensemble, ils tournent dans le monde entier répondant à l’appel de millions de fans. Puis ils créent le parc des Milandes, entreprise pharaonique, pionnière des clubs de vacances et parcs à thème en Europe.
Aujourd’hui encore, la ville de Souillac rend hommage, avec son festival de jazz fondé dès 1976, à cette musique qui, avec la Revue Nègre de Joséphine Baker, enflamma l’Europe dans les années 1920 et bouleversa l’art et la culture occidentale.
Née dans une famille pauvre du Missouri, devenue danseuse de rue puis « girl » de différentes revues, Joséphine Baker saisit sa chance en rejoignant la troupe de la « Revue Nègre » qui se produit à Paris en 1925. Elle scandalise et subjugue le public parisien. L’avant-garde artistique des années folles en reste bouleversée, fascinée par cette expression phénoménale de la modernité. Son engagement dans la Résistance dès 1940 aux côtés du général De Gaulle, puis contre le racisme dès 1951 à Harlem et en 1963 auprès de Martin Luther King, donne une dimension exemplaire à sa personne et à son œuvre.
Son entrée au Panthéon le 30 novembre 2021 marque l’apothéose d’un destin extraordinaire.
Florence Müller est commissaire de l’exposition, la direction artistique est assurée par Nathalie Elmaleh et Laurent Teboul. Vernissage jeudi 2 juin. Une exposition qui ne manquera pas de séduire les milliers de touristes de passage ; et sera, incontestablement, un temps fort de l’été culturel.
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