Un pape Cadurcien
La tour du palais Duèze domine Cahors de sa haute silhouette carrée. Elle doit son nom à la famille Duèze qui a marqué l’histoire cadurcienne aux XIIIe et XIVe siècles.
Né aux alentours de 1220, Arnaud Duèze est une des figures de la bourgeoisie de Cahors. Mais ce sont ses enfants qui feront rayonner le nom de famille : Pierre, né en 1250, est devenu le premier consul de Cahors à l’âge de 63 ans. Mais c’est surtout son grand frère, Jacques, qui a propulsé le nom de Duèze sur la scène internationale en devenant le 196e pape.
Jacques Duèze est né en 1244. Il était l’aîné de cette prolifique famille : sept frères et sœurs ont suivi. Après des études chez les Dominicains de Cahors, à la faculté de droit de Montpellier et celle de théologie de Paris, Jacques Duèze embrasse une carrière cléricale. Il devient évêque de Fréjus en 1300, évêque d’Avignon dix ans plus tard et cardinal-évêque de Porto en 1313. Quand le pape Clément V meurt, Jacques Duèze est déjà âgé, décrit comme un homme chétif à la voix fluette et qui a n’a pas eu de rôle politique majeur. Tout pour rassurer au milieu des querelles entre Gascons et Italiens. Il faut deux ans pour que les cardinaux parviennent à se mettre d’accord et ce n’est que le 7 août 1316 qu’il est enfin élu. Il prend le nom de Jean XXII et s’installe en Avignon.
Jacques Duèze, 72 ans au moment de son élection, était censé être un pape de transition. Mauvaise interprétation puisqu’il est mort à l’âge de 90 ans. 18 ans de pontificat donc durant lesquels il doit faire face à une tentative d’envoûtement qui coûte cher à l’évêque de Cahors puis à l’élection d’un antipape qu’il excommunie. Une période surtout durant laquelle il installe sa marque.
Tout d’abord, s’il n’est que le deuxième pape d’Avignon, c’est lui qui assoit véritablement la papauté dans la cité méridionale. Sans plonger dans les détails de son œuvre, on peut simplement dire qu’il a tranché la querelle des Franciscains en défaveur des tenants d’une pauvreté absolue, qu’il a travaillé sur la fiscalité, réaffirmé l’autorité papale face à l’empire d’Autriche, lancé l’évangélisation de l’Afrique et de la Chine, fondé des universités à Cambridge et Cahors. Sa ville natale qu’il aide singulièrement, recommandant son vin, l’aménageant…
Disons enfin que Dante Alighieri ne le portait pas dans son cœur. Est-ce pour cela que l’écrivain a placé les Cahorsins dans un des cercles de son Enfer ? L’histoire ne le dit pas.
Les papes à Avignon (1309-1377)
Après les âpres querelles qui opposèrent Philippe le Bel au pape Boniface VIII , le roi réussit à faire élire sur le trône de saint Pierre l’archevêque de Bordeaux, Bertrand de Got, qui devint Clément V (1305). Celui-ci, sacré à Lyon, nomma un bon nombre de cardinaux français. Placé sous l’influence de Philippe le Bel, il désirait ardemment régler les vieux différends entre la monarchie française et la papauté. Au lieu de regagner Rome, il finit par se fixer dans un couvent de dominicains à Avignon, sans avoir l’intention d’y installer définitivement le siège de la papauté.
À la mort de Clément V (1314), le nombre des cardinaux français s’était multiplié. À six reprises, ceux-ci élirent un de leurs compatriotes. Ces papes craignaient de rentrer en Italie, où l’agitation persistait. Ils désiraient, d’autre part, ménager les rois de France, qui usaient de leur côté de tous les arguments pour garder la papauté en deçà des Alpes. Quant aux Avignonnais, ils se réjouissaient de voir leur ville devenir la capitale de l’Église. Le successeur de Clément V, Jean XXII, élu à Lyon en 1316, revint à Avignon, où il choisit pour domicile le palais épiscopal. Le pape suivant, Benoît XII, décida de faire construire à Avignon un édifice, mi-monastère, mi-forteresse. Ce Palais des Papes, commencé en 1334, allait dépasser en beauté architecturale tout ce qu’avait imaginé le pontife. Après lui, Clément VI acheta Avignon à la princesse Jeanne de Naples.
En Italie, les Romains se plaignaient de ce qu’ils appelaient la » trahison pontificale » et critiquaient avec force le népotisme et l’immoralité régnant à Avignon. Après Innocent VI, qui s’efforça de réduire le luxe déployé autour de lui, Urbain V décida, malgré la résistance de Charles V, de regagner Rome (1367), mais les troubles qui y régnaient le forcèrent à rentrer trois ans plus tard à Avignon. Au début de 1377, sur les instances de Catherine de Sienne, Grégoire XI résolut enfin de passer les Alpes.
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