Un projet surprenant près de Rocamadour
Près de Rocamadour, les bâtiments de l’ancienne base militaire aérienne, fermée en 1984, intéressent l’association Hera qui ambitionne d’y réaliser une « ville intelligente » et connectée et un lieu de tourisme.
Le moment choisi peut sembler étonnant, tout autant que le projet d’ailleurs. C’est entre Rocamadour et Padirac, sur le site militaire désaffecté de Viroulou, que l’association internationale Hera créée en 2019 se projette avec la volonté d’établir un site du nom de « Hera City ».
Composé de plusieurs bâtiments, ce projet est porté par Marianela Mirpuri, entrepreneuse et philanthrope indo-portugaise, dont le nom reste attaché à celui de l’aviation et de l’ancienne compagnie portugaise Air Luxor. Il s’inscrirait dans une démarche qu’elle veut humaniste et en l’honneur de la femme, dont elle vise l’élévation.
Les porteurs de projets ont visité le secteur il y a quelques jours
Rêve, utopie, diront certains. Peut-être. Toujours est-il que pour rester pragmatique, l’initiatrice de Hera City est venue visiter la cité de Rocamadour et apprécier le potentiel de 200 ha qu’offre le site de Viroulou. C’était il y a quelques jours, elle était alors accompagnée de Tjomas Van Vliet, ancien PDG de Paramount Hotels & Resorts, ainsi que de l’architecte et designer Gil Bakhtiar qui, pour l’anecdote a imaginé l’incroyable villa-palais de L’Ourika, à Marrakech. Le petit groupe comptait aussi le Corrézien Christian Charazac, consultant Afrique-Océan indien et Moyen-Orient qui est lié à l’association Renaissance Afrique France, ou encore le parfumeur Jean-Charles Sommemard. Tous piliers de cette initiative.
Ensemble, à travers l’association à but non lucratif Hera, sorte de fondation, ils aimeraient établir sur les causses lotois cette ville qu’ils qualifient « d’intelligente et connectée, se composant d’abord de trois bâtiments principaux qui seraient générateurs d’activités ».
Un accord de principe pour l’acquisition des terrains ? Rien n’est moins sur…
Leur concept comprendrait une « Sphère » en forme de corolle accueillant un centre de congrès. À proximité, s’implanteraient un campus et un musée, pour développer des formations, des échanges culturels internationaux, des activités artisanales et artistiques ou travailler sur de la recherche avancée. Dans ce cadre, de l’hôtellerie et de l’hébergement verraient également le jour.
Ambitieux, c’est le terme qui qualifie cette démarche de Hera qui laisse perplexe dans le Lot, tandis que ses représentants en défendent les valeurs : « L’humanité a besoin de vivre autrement et la création d’une telle ville tient compte de toutes les problématiques environnementales, sociétales et culturelles actuelles. Le rayonnement d’Hera City, véritable poumon économique, offrira à l’ensemble de l’économie locale, régionale, et très vite au-delà, les moyens de leur développement », assurent-ils, avant d’évoquer un démarrage du projet d’ici un à deux ans.
Marianela Mirpuri, tombée sous le charme de la région, confiait d’ailleurs à La Dépêche du Midi : « avoir signé un accord de principe pour l’acquisition des terrains ».
Une affirmation que réfutent Gilles Liébus et Christian Deleuze, présidents respectifs de Cauvaldor et Cauvaldor Expansion, (lire encadré) d’autant que le ministère de la Défense est à ce jour, toujours propriétaire de cette ancienne base aérienne.
Cauvaldor et CauvaldEx : « Nous sommes très prudents »
« Ils ont pris contact avec nous, nous les avons reçus, comme nous le faisons pour tout porteur de projet », avance Christian Deleuze, président de Cauvaldor Expansion, l’agence économique de la communauté de communes. « Leur fondation, dit-il porte un aspect moral, humain et sociétal, pas seulement économique. Leur vision de l’activité amènerait des gens d’ailleurs. Ce serait du PIB qui rentrerait sur le département ; et on pourrait potentiellement le coupler avec le projet de la Cité de la mode ».
Cependant, le président de CauvaldEx nuance : « C’était une discussion. Rien ne nous a été soumis en termes de portage financier, d’investissement, de coût. C’est l’inconnu et c’est pourtant le point principal ».
Enfin sur la moralité et l’honnêteté de ses interlocuteurs, là encore, Christian Deleuze se veut prudent. « C’est prématuré, nous n’avons pas de garantie, si ce n’est que c’est une fondation qui a des moyens et semble promouvoir des objectifs honnêtes ».
Quant à Gilles Liébus, il est très surpris que les représentants d’Hera aient fait le choix de communiquer, il assure : « Nous avons voulu connaître le fond de leur projet et de leur démarche, en savoir davantage. Nous sommes très prudents. D’autant que ce camp militaire est désormais bien identifié par les investisseurs ». Il rappelle : « Pour l’instant, il est utilisé par le Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie. Nous veillerons à leur proposer un lieu adapté où les déplacer, avec pour unique objectif de conforter cette unité de la gendarmerie à Gramat ».
Quant au préfet du Lot, Michel Prosic, il est formel, ni lui ni ses services n’en ont entendu parler. « Le site militaire du Viroulou devra avant toute chose être vendu par l’Etat avec un certificat de dépollution », rappelle-t-il.
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