Un sport, le jeu d’échecs ?

Les noirs jouent et matent en 2 coups. Indice : joli sacrifice d’attraction ! Solution : 1…Dh3xf6+ 2.Fd5xDf6 Fb7xFf6#

Eh bien oui, ne vous en déplaise, le jeu d’échecs est un sport !

En tout premier lieu, si des jeux tels que les mots dits « croisés » , « mêlés » , « fléchés » sont affublés du sympathique vocable « sport cérébral » , comment pourrait-il en être autrement du noble jeu, où c’est avant tout l’esprit qui guide sa pratique ?

Et d’abord parce qu’en janvier 2000, la F.F.E. -Fédération Française des Echecs- est reconnue comme fédération sportive au niveau ministériel. Elle est même, depuis 2022, membre du Comité National Olympique et Sportif Français.

Ensuite, parce que jouer, c’est faire acte de préparation, de motivation, d’échauffement, de concentration, de patience, de persévérance, de respect de l’adversaire… Il s’agit ici d’un langage commun avec n’importe quelle autre discipline sportive.

Et, l’initiation entamée, il devient habituel d’utiliser le vocabulaire, un rien guerrier, des joueurs : On parle de duel, de combat, de guerre sur l’échiquier (Lors du championnat du monde en 1972, Bobby Fischer et Boris Spassky cristallisent les tensions de guerre froide entre les Etats-Unis et l’URSS). On cite encore « l’attaque de minorité « , « l’avant-poste « , « la batterie « , « la capture« … Des dizaines de mots ou d’expression font un parallèle évident avec un esprit que l’on pourrait qualifier de militaire. Ce « sport de combat » se transpose même officiellement, dans les années 2000, en des joutes combinées de boxe et de jeu d’échecs : le chessboxing !

Ensuite encore, parce qu’il suffit, pour s’en convaincre, d’assister (ou participer) à une compétition pour vivre de l’intérieur les engagements nécessaires à l’exercice, et bien comprendre alors pourquoi le jeu d’échecs est un véritable sport. Si l’on est pas préparé, il est impossible de savoir bien jouer avec une pendule : Un temps maximum est donné à chaque adversaire pour tenter de gagner la partie. Savoir résister au rythme effréné des cadences rapides, tel le blitz, par exemple (en référence à l’attaque éclair des bombardiers nazis sur Londres), où 5 min seulement sont accordées, est un art en soi. Les cadences longues n’épargnent pas non plus les nerfs, où la patience et la préparation physique sont mises à rude épreuve : être capable de jouer assis quatre à cinq heures, voire plus, sans fléchir, n’est pas donné à tout le monde. Sans entraînement, point de salut.

Les champions actuels le savent bien, eux qui pour exceller dans leur art doivent s’entourer et constituer une véritable équipe. Préparateur physique, coach, entraîneur, yoga, méditation… Tout un système est mis en place, tout comme pour n’importe quel autre sport, quand il est pratiqué à haut niveau.

Les tensions inhérentes à cette pratique n’excluent en rien la beauté de certaines positions. Il peut devenir jubilatoire, par exemple, de sacrificier sa toute-puissante Dame, amenant un mat imparable avec une pièce mineure (fou ou cavalier) ou un modeste pion. La puissance combinatoire de certains coups avec une stratégie efficace de contrôle d’une simple case peut amener à des résultats frisant l’émerveillement. « Il faut savoir jouer » me direz-vous ! En effet, mais au même titre qu’en football, pour comprendre le but en ciseau acrobatique de l’avant-centre, refusé sur hors jeu. Ou qu’au rugby, pour accepter les règles strictes des mauls et autres regroupements…

Toujours pas convaincu.e ? Venez assister ce dimanche 4 février à une version ludique de la pratique autour des 64 cases !

Je vous vois presque réagir : « ludique » !? C’est donc un jeu !? Ha, ha, ha ! Réfléchissez à la pratique que vous avez avec vos enfants le dimanche en tapant dans le ballon. Pensez au souffle court qui vous guette après 3 courses balle au pied ou la raquette dans la main. Songez à la goutte de sueur qui perle sur le front ou dans le dos lorsque vous pédalez à ses côtés. Jeu ou sport ? Sport ou jeu ?

Foin de polémique ! Venez ! Une exhibition remarquable vous attend, salle des Pargueminiers à 14h le dimanche 4 février : Une partie simultanée ! Ou comment essayer, pour de simples adeptes et/ou pratiquant.e.s éclairé.e.s, de gagner contre un fort joueur qui fait face en même temps à 20 ou 30 joueur.se.s, sur autant d’échiquiers que nécessaire ! Une chance inespérée d’essayer vaincre un adversaire en théorie plus fort. C’est comme si « Rafa » Nadal venait se mesurer aux membres des clubs de tennis locaux, ou comme si Romain Ntamack, (remis de sa blessure bien sûr) allait jouer dans l’équipe de Gourdon !

Ludovic Morelle, est Maître F.I.D.E. (Fédération Internationale Des Échecs) 207° joueur français, avec un classement à 2314 points élo (système de classement équivalent à celui de l’ATP en tennis), obtenant le titre de « Maître » en 2008, après avoir atteint le ratio des 2300 points. Enseignant et licencié dans un club à Toulouse, il participe à quelques séances du club de Gourdon les vendredis soirs, venant rendre visite à ses parents. Il se prêtera au jeu avec plaisir. Qu’il en soit ici remercié.

Ho non, vous allez encore dire que je vous embrouille avec le terme « jeu » !

Mais oui, tous les sports sont des jeux !

Venez voir le nôtre.