Un Territoire d’industrie aux portes de la bouriane
Les Territoires d’industrie sont des intercommunalités ou des groupes d’intercommunalités situés dans les campagnes, les espaces périurbains, les villes petites et moyennes.
Ils ont une forte identité et un savoir-faire industriel et l’ensemble de leurs acteurs, notamment les entreprises et les collectivités territoriales, sont mobilisés pour le développement de l’industrie.
Le Territoire d’industrie Aurillac-Figeac-Rodez
C’est 17 établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) sur 3 départements (Aveyron, Lot et Cantal) eux-mêmes situés dans 2 régions (Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes),
Bien qu’enclavé et à dominante rurale, il rayonne au niveau mondial, grâce à des acteurs majeurs de la sous-traitance aéronautique et automobile
D’un côté, Figeac et Rodez avec un très fort dynamisme dans les activités mécaniques, au service des secteurs aéronautique et automobile notamment. De l’autre, les bassins d’Aurillac et de Saint-Flour avec un profil industriel différent, tourné vers les domaines de l’agroalimentaire, de la transformation du bois, de la plasturgie et de la pharmacie.
Un peu d’histoire industrielle
Elle débute le long de l’axe Figeac-Rodez, en 3 périodes particulièrement structurantes.
1- La première est celle de la première révolution industrielle menant à l’ouverture des mines de charbon dans le bassin de Decazeville.
2- La deuxième correspond à la période qui a précédé la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle des activités stratégiques du pays ont été implantées sur le territoire.
3 – La troisième correspond à la fermeture des mines de charbon de Decazeville dans les années 1960
Le groupe ratier-Figeac
Dans les années 30 l’état décide d’éloigner les activités aéronautiques stratégiques de l’Allemagne. C’est alors que nait la structure industrielle de l’axe Figeac-Rodez, autour des bassins miniers de Decazeville et d’Aubin.
Le fondateur du groupe Ratier-Figeac fabricant d’hélices, s’installe à Figeac. Le groupe est le moteur de la dynamique de développement. Devenu équipementier de premier rang pour Airbus, Boeing, ATR, Dassault ou encore Bombardier, à la fin des années 1980 le groupe développe une stratégie d’essaimage qui permet de soutenir l’émergence de petites entreprises locales. Ayant besoin de forces productives supplémentaires pour répondre à la forte demande qui lui était adressée, il permet à certains de ses salariés de créer leur entreprise de sous-traitance en leur en donnant des moyens financiers et une ouverture à son réseau leur assurant des débouchés. Figeac Aéro, issu de cet essaimage, sert aujourd’hui les mêmes constructeurs aéronautiques que Ratier-Figeac tel Fem Aéro devenu Fem Technologies qui sert différents marchés, de l’aéronautique au médical en passant par le ferroviaire et les télécoms,
Les acteurs locaux, publics comme privés, parlent alors de ce territoire comme d’un district industriel. Aussi fin des années 1990, le bassin Figeac-Rodez est labellisé système productif local (SPL). Puis c’est au tour du bassin de Brive-Figeac-Rodez qui constitue une grappe d’entreprises exemplaires de devenir la « Mecanic Vallée » à la fin des années 2000.
La mecanic vallée
La création de la Mecanic Vallée répond justement à la volonté de créer un réseau d’acteurs sur un territoire s’étalant de Limoges à Rodez en incluant Brive, Cahors, Figeac et Aurillac ; la Mecanic Vallée joue un rôle d’intermédiaire territorial, dans le sens où elle organise notamment des événements pour mettre en relation les parties prenantes et orchestre les actions collectives. Ces actions (y compris la création de
l’IUT de Figeac) n’auraient pas pu se concrétiser sans le concours des acteurs publics et d’entrepreneurs politiques, notamment celui de Martin Malvy, maire de Figeac, ministre, député et président de région.
Les compétences comme facteur d’ancrage local
Ce qui définit ce territoire c’est d’abord les savoir faire développés en matière de mécanique; les compétences constituent le facteur d’ancrage local des entreprises. Aussi le ralentissement de la croissance démographique des années 1990 ou le faible taux de chômage observé plus récemment créent des tensions pour les entreprises lorsqu’elles cherchent à recruter. C’est pour cela que les industriels se sont mobilisés dès les années 1990 pour créer l’IUT de Figeac, qui offrait des formations répondant à leurs besoins. Ils mettent aussi en place des prêts de main-d’œuvre pendant les périodes de forte turbulence du cycle économique et des stratégies de fidélisation des salariés.
Plus généralement, les relations entre les industriels locaux sont moins des relations d’affaires que des relations interpersonnelles qui leur permettent d’échanger sur leurs problématiques partagées et d’y apporter
des solutions.
Les liens entre acteurs publics et privés, locaux et nationaux, se sont récemment renforcés avec la création d’autres réseaux tels que le pôle territorial de coopération économique (PTCE) Figeacteurs en 2015, qui
accompagne le développement d’activités dans le territoire, y compris parfois en association avec la Mecanic Vallée.
La présence locale de la Région puis, plus récemment, de Bpifrance, constitue des atouts supplémentaires pour la construction de coopérations public-privé. Les programmes récents en faveur de la réindustrialisation – Territoires d’industrie, Rebond industriel – ont permis la réalisation de projets industriels qu’il restait à concrétiser.
La seconde phase du programme Territoires d’industrie, Rebond industriel – Une vallée du bois
Pour les acteurs impliqués dans le programme Territoires d’industrie, l’enjeu de cette seconde phase (2023-2027) est de mettre en évidence des synergies potentielles entre Aurillac d’un côté et Figeac-Rodez de l’autre.
Une première problématique commune concerne la gestion du foncier : dispersion des activités économiques, faible densité des habitations, pénurie de foncier liée au paysage de vallée. En outre, dans le cadre de la mise en œuvre de l’objectif de zéro artificialisation nette des sols, des problématiques anciennes réapparaissent (la rénovation des logements) et de nouvelles se manifestent (la nécessité de densifier)
La seconde concerne la valorisation de ressources et de savoir-faire autour du bois présent dans la majorité des intercommunalités du Territoire d’industrie.
La création d’une filière bois est en cours de réflexion. Mais une « vallée du bois» sur le modèle de la Mecanic Vallée ne se fera pas en un jour car elle suppose la construction d’un système d’acteurs dans le temps long, l’implication d’entrepreneurs territoriaux ou politiques ainsi que des acteurs publics. Or, les acteurs du bois sont isolés, de leurs propres dires. Le défi est donc immense.
Un portrait du territoire est disponible en cliquant ici
Source : la fabrique.fr