Une cellule spéciale et des actions d’envergure innovantes pour lutter contre les violences conjugales
L’ambition et la volonté collective des forces de l’ordre et des associations d’écoute et de protection des femmes victimes de violences peuvent paraître très compliquées à satisfaire tant le chantier est immense, mais pas impossible.
Car la prise de conscience est générale, active et s’exprime également sur le terrain politique. Cette lutte est une priorité majeure donc, comme en ont convenu ce jeudi au Groupement de gendarmerie du Lot à Cahors, les principaux acteurs qui mènent ce combat de longue haleine.
Élargir le champ des possibilités
Le colonel Philippe Phavorin, commandant du groupement de gendarmerie du Lot, a développé les différentes actions innovantes mises en œuvre dans le département, ceci en présence d’Aurélien Pradié. Le député du Lot, dont les textes de loi et les propositions concrètes, ont changé la donne et insufflé une nouvelle dynamique en la matière, a salué « l’extension du champ des possibilités d’actions contre les violences conjugales. » Tout simplement parce que les nouveaux outils en action sont un peu plus à la hauteur de l’œuvre à accomplir.
Un rapprochement va être opéré avec les hôpitaux du Lot pour écouter les femmes et recueillir leurs plaintes au sein même des structures hospitalières. Un projet de convention est à l’étude pour valider cette initiative.
Des moyens et des actes forts
Parmi les autres moyens, le colonel Phavorin et le capitaine Nénil ont annoncé « la mise en service de la CPF (Cellule de protection des familles) depuis le 1er janvier 2022. Elle est composée de 6 gendarmes dédiés à des missions d’écoute et d’intervention. Ils sont déployés en trois binômes à Cahors, Gourdon et Figeac. En outre, chacune des 23 brigades du Lot dispose désormais d’un référent spécialisé sur les violences intrafamiliales. »
D’autre part, devant l’urgence et la taille de la tâche à accomplir, 360 gendarmes du Lot vont être formés à ces missions particulières. Ils pourront être épaulés par les 125 réservistes opérationnels. Les chiffres commentés ce jeudi justifient pleinement un tel déploiement de forces vives.
« Ces violences ont augmenté de 20 % entre l’année 2020 et 2021 dans le Lot. En 2021 la gendarmerie du Lot est intervenue 617 fois sur des cas de violences conjugales, dont 340 fois la nuit » résume le colonel Phavorin. Ce qui fait dire à Aurélien Pradié que le chantier entrepris est « colossal et doit continuer à s’appuyer sur l’action remarquable des structures qui viennent en aide aux femmes. »
Mieux protéger pour éviter le passage à l’acte
Pause aux Filaos, le CIDFF du Lot (Centre d’Information sur les droits des Femmes et des familles), France Victimes ainsi, qu’Isabelle Mahieu, déléguée à l’égalité entre les femmes et les hommes et aux droits des femmes, se sont réjouies de constater, à l’instar d’Aurélien Pradié, que « les gendarmes ont une vraie capacité à remettre en question leurs pratiques, leur façon de recevoir et d’écouter les femmes. Votre rôle est précieux pour inciter les femmes victimes à ne pas retirer leur plainte. Libérer la parole est un grand pas d’accompli, mais lorsqu’une femme parle il faut qu’elle soit protégée immédiatement. Si ce n’est pas le cas, elle est en danger de mort. Sur la totalité des féminicides commis en France en 2021, deux femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint sans avoir déposé de plaintes, les autres ont été tuées après avoir parlé » souligne le député afin d’insister sur l’urgente nécessité de protéger immédiatement chaque plaignante.
Un dernier chiffre : il fait froid dans le dos. L’an dernier, 113 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint. En langage authentique et glaçant pour coller à une triste et insupportable réalité, on ne dit pas conjoint mais bourreau.
Jean-Luc Garcia La Dépêche
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