Une histoire de titres …
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.Nouvelle proposition pour un atelier d’écriture durant cette période si particulière que nous traversons.
Inspiré notamment par des recommandations du site enviedecrire, je vous propose le jeu d’écriture suivant pour les 15 jours suivants :
- sélectionner 10 titres de votre bibliothèque qui représentent particulièrement ce que vous aimez
- construire un récit cohérent avec ces titres, avec une introduction, un développement et une fin.
- maximum de 500 signes car il faut bien brider un peu votre créativité et faire de la place pour tous les participants.
Bonne créations à tous !!!
Le jour où on sonna, elle ne devait recevoir personne et somnolait un peu dans son fauteuil avant de se faire sa ballade habituelle.
Les moustiques s’étaient remis à vibrer l’air, comme toujours, à chaque fois que le soir descendait. Une plaie. La croix et la bannière* pour s’en débarrasser
Elle s’était levée et lentement dirigée vers l’entrée bien décidée à claquer la porte au nez de l’importun s’il venait lui vendre ses salades à cette heure-ci.
Sur le seuil une femme lui souriait maladroitement tout en pressant nerveusement un mouchoir humide.
Elle masqua sa surprise. Ça ne pouvait être qu’une plaisanterie* !
Lui avait-il parlé d’elle? Avait-il eu le culot de lui communiquer son adresse ? Sait-on jamais* jusqu’où le cynisme pouvait le conduire.
Elle revoyait tout, comme si c’était hier. La librairie. Dans cette rue, où à force de se protéger du soleil les échoppes restaient toujours si sombres, qu’elle l’avait surnommée, la rue des boutiques obscures*. Elle se pendait à son cou, souriante, heureuse. Lui se penchait vers elle pour l’embrasser. Ça lui avait fait mal. Pourtant, depuis le temps…
Et maintenant, là, sur le seuil, elle venait très certainement pour se raconter, pour comprendre comment il avait détruit leur paradis conjugal *. Les femmes et leur histoire*… toujours la même. Elles étaient aussi nombreuses que les moustiques. Inutile de les chasser. Il en viendrait toujours.
Celle- la aussi avait joué la belle du seigneur* ; et elle avait perdu évidemment
Elle baissa les bras, découragée. Il était tard. Maintenant la nuit était tombée rendant la ballade impossible*
La destruction d’un cœur* était devenue la source principale de ses revenus. A ses patients elle apprenait l’art de perdre*.
La femme demanda si elle pouvait la recevoir maintenant.
Elle murmura simplement : « oui », puis s’effaça pour la laisser entrer. Une séance.
Sur la plaque en laiton, à côté de l’entrée, avec ses horaires, elle pensa qu’il faudrait graver
« Il n’y a pas d’heure pour le chagrin et la pitié ».
La croix et la bannière (William Boyd)
La plaisanterie (Milan Kundera).
Sait-on jamais (Casimir Prat)
Rue des boutiques obscures (Patrick Modiano)
Paradis conjugal (Alice Ferney)
Les femmes et leur histoire (Geneviève Fraisse)
Belle du seigneur (Albert Cohen)
La ballade impossible (Haruki Murakami)
La destruction d’un cœur (Stefan Zweig)
L’art de perdre (Alice Zeniter)
Pour l’instant vous me surprendriez vraisemblablement plié en deux au-dessus du clavier, écrivant des heures entières, essayant de me claustrer dans ce lieu incertain * qui me tient lieu de bureau.
Je m’applique à des exercices de style *. La difficulté n’est pas de respecter la règle : dix titres et une divagation* qui se tienne… Quoi de plus simple au fond.
Des titres : il y en a plein les journaux. Blague à part, je vous le dis tout bas, pour ne rien vous masquer, je crains l’imminence d’un scandale…
Des titres, il y en a aussi dans les arbres généalogiques. D’ailleurs, dans la Famille Moskat* dont je suis parent par alliance, il y a tout ça.
Pour vous prouver que je ne vous raconte pas d’histoires, (il ne manquerait plus que ça ),voyez !
Dans la pièce à côté une vraie petite princesse – son titre – qui s’est transformée en sorcière rousse* et qui du haut de ses presque 2 ans, déchire Le Monde -mon journal- d’hier, en petits morceaux, renverse le vase où se fanent les fleurs bleues *qu’elle a cueillies, et se carapate quand elle entend ma chaise bouger.
Une désolation* dans le salon.
Ce n’est pas que je compte que toutes ces feuilles que j’écris voient le jour sous quelque forme que ce soit. Mais j’avais fondé l’espoir que dans cette période confinée, ne pouvant plus ressentir avec délices la solitude du coureur de fond* en joggant sur la route* j’aurais des tas de choses intéressantes à fixer sur ma page Word . Des sensations, des perceptions, des impressions….
J’ai justement l’impression que je dois me lever. Elle le sait. Alors fièrement elle me tend un morceau du collier rouge* qu’elle vient de démonter
« Z’ai pas cassé papa »
Un lieu incertain (A VARGAS)
Exercices de style (R QUENEAU)
Divagation (Mallarmé)
La famille Moskat (I B Singer)
Les fleurs bleues.(Queneau)
La sorcière rousse (FS Fitzgarld)
Une désolation (Y Reza)
La solitude du coureur de fond (A Sillitoe)
Sur la route (J Kerouac)
Le collier rouge (JC Rufin)
Ce matin, en farfouillant dans ma bibliothèque, à la recherche d’un roman à me mettre sous la dent, il m’est arrivé une chose peu ordinaire. Comme j’en remarquais un nouveau, je lui dis – pour rigoler bien sûr- n’allez pas croire que je sois folle.
– Hum … Toi, tu m’as l’air emprunté. Qui es-tu ?
A mon grand étonnement il me répondit !!!
– « Le roman de la bibliothèque »
– De la « BIG ? Sûr ? » Tu n’as pas l’air d’être à l’aise ici. Je me trompe ?
– Euh… C’est que… t’as vu où tu m’as posé ? A côté d’un tas de vielles pages jaunes à peine reliées entre elles.
– Lui ! Mais c’est le « manuscrit trouvé à Saragosse » complètement par hasard, l’été dernier. Sur un banc. Quelqu’un avait dû l’oublier là.
– Vu son état, il doit bien avoir vécu ses « cent ans de solitude ».
– Le gars de l’office du tourisme m’avait donné un plan en me disant, assez familièrement, mais en français tout de même… Madame c’est « pour que tu ne te perdes pas dans le quartier ».
– Et tu t’es perdue. Ça ne me surprend pas. Quand je vois comment c’est organisé ici.
– Oui. Mais je suis bien contente d’être tombée sur lui quand j’étais paumée. De toute façon, je n’ai jamais eu le sens de l’orientation. « La carte et le territoire » ça a toujours fait 2 pour moi.
– Oui je confirme ; ça se voit. Tu pars dans tous les sens. Tu as remarqué comment tu nous rangeais ?
– Non. Qu’est-ce qui ne va pas ?
– Tout. Non. Rien. Rien ne va. A la BIG je suis dans la section littérature française du XIXème siècle. Ici je me retrouve dans « la cour de Babel ». T’en as combien ici?
– Combien de quoi ?
– De livres !
– « Une centaine d’amour ». Je les aime tous. J’ai rajouté, comme pour m’excuser :C’est que je suis vieille maintenant. C’est pour ça que j’en ai beaucoup, et j’ai plus vraiment la place de tout bien ranger.
– Attention. A ton âge « On ne badine pas avec l’amour ». Ici c’est quand même n’importe quoi. C’est gênant, reconnais !
S’en est suivi un long silence. J’étais un peu vexée. Me faire ainsi critiquer. D’habitude c’est le contraire…
Puis il s’est radouci et a fini par me demander.
– Alors tu crois que tu vas m’aimer ?
– Peut-être. Si je t’ai choisi … peut-être que lorsque je t’aurais lu je voudrai te garder ici.
– Tu n’as pas le droit. Je te rappelle que je suis catalogué, répertorié, classifié, enregistré,… Ils ont une fiche sur toi et moi là-bas. Tu seras poursuivie !
Si je ne peux pas te garder, alors j’irai chez « la petite marchande de prose » te retenir officiellement ! Avec un ticket ! Je pourrai peut-être t’offrir un marque-page si elle en reçu des nouveaux. En attendant, avec ce confinement, tu vas devoir rester ici pendant plusieurs semaines. Ici c’est simple, spontané, naturel. Une grande famille. Tu vas aimer…
Je le retournai. Quelque chose en lui avait changé. Il brillait de toute sa couverture plastifiée et avait perdu son air d’emprunté. Il s’était apprivoisé.
Le roman de la bibliothèque – Daniel Ménager
BIG SUR – Kerouac
Manuscrit trouvé à Saragosse – Jean Potocki
Cent ans de solitude – Gabriel García Márquez
Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier – P Modiano
La carte et le territoire – Houellebecq
La cour de Babel – André Vigneau.
Une centaine d’amour – P Neruda
On ne badine pas avec l’amour – Alfred de Musset
La petite marchande de prose – D Pennac
Pour échapper à l’ouragan ,je me suis réfugiée à l’ombre du vent , loin d’eux,et me suis retrouvée comme ces otage intimes.je suis condamnée à passer mes journées telles des nuits d’ambre.Je m’efforce de ne pas pleurer,m’accrochant à son souvenir , lui le dieu des petits riens , que j’ai laissé sur ces terres des oublis.Je ne le reverrai probablement qu’au nouvel an.L’attente sera longue car on entend encore chanter le chardonneret.
l’ouragan – Laurent Gaudé
l’ombre du vent – Carlos Ruiz Zafon
loin d’eux Laurent Mauvinier
otages intimes Jeanne Benameur
Nuits d’ambre Sylvie Germain
Pas pleurer Lydie Salvayre
Le dieu des petits riens Arundhati Roy
Terres des oublis Duong Thu Huong
Nouvel an Juli Zeh
Le chardonneret Donna Tartt
Elle a mis la barre haute
Marinette ! Ce n’est pas de la parlotte !
Trouver 10 titres dans ma bibliothèque…
Au secours mes poètes !
Car de l’énoncé du problème
Jusqu’à la fin du poème
Je m’en remets à vous
Aidez-moi sur ce coup
Ici commence le poème
Que j’offre à ceux qui l’aime
Avril 2020
J’avoue que j’ai vécu léger comme une plume
Un été autour du cou ou sous un manteau de fortune
Insouciant, chantant, à l’opéra de la lune
Libre comme l’air, en aimant plus d’Une
Il est aujourd’hui une cinquième saison
Emprisonnée entre printemps et moissons
« Ici c’est la guerre, et pas encore l’été ».
Les fleurs du mal, à satiété
Se sont rassasiées de tes poumons
Tu nous quittes dans un ultime frisson
Dehors, le chat et l’oiseau.
Le buisson nous raconte l’accroc
Soleil de nuit
Embrasse-moi
Encore une fois
Je veux t’aimer quand tout est cendre
Quand il faut se rendre
A bout de souffle
A perte de vie
J’avoue que j’ai vécu Pablo Neruda
Un été autour du cou (G Goffette)
sous un manteau de fortune (G Goffette)
à l’opéra de la lune (J Prevert)
une cinquième saison (J Prevert)
Les fleurs du mal, (Ch baudelaire)
le chat et l’oiseau (J prevert)
Soleil de nuit (J Prevert)
tout est cendre (casimir prat)
A perte de vie (prevert)