Une mission ministérielle va contrôler le méthaniseur de Gramat
Dans le dossier de la méthanisation, le préfet du Lot attend de l’objectivité et des données rigoureuses et contrôlées, c’est pour cela qu’il a sollicité le ministère de la Transition écologie et Solidaire.
«J’ai demandé à avoir un éclairage précis et étayé sur le dossier du méthaniseur de Gramat. Le Conseil général du développement durable interviendra donc à l’occasion d’une mission ministérielle dans le Lot. Ses représentants feront une première visite du 9 au 11 avril», indique Jérôme Filippini.
Pour le représentant de l’Etat dans notre département, il s’agit de «constater avec objectivité les choses, de vérifier les conditions dans lesquelles l’unité a été réalisée, de s’assurer aussi du respect réglementaire de cette activité, etc.»
Pour cela, la mission rencontrera les responsables de Bio Quercy et visitera le site de méthanisation de Gramat. Elle entendra les élus concernés par le stockage et l’épandage, tout comme les représentants du Parc naturel régional des Causses du Quercy. Les associations et collectifs d’opposants seront invitées à s’exprimer également.
«Je souhaite que cette intervention du Conseil général du développement durable nous éclaire sur la réalité de ce méthaniseur à travers le rapport qu’elle rendra», nous précisait le préfet, hier soir.
Est ce que la commission rencontrera les scientifiques qui ont alerté l’administration?
Cette mission concerne le méthaniseur de Gramat qui est en service. Il serait bon que cette mission prenne également connaissance du projet des 4 méthaniseurs du Ségala piloté par Methaseli.. Les enseignements positifs qui seront tirés de cette mission pourraient alors être partagés lors d’une large concertation afin que les 4 porteurs de projet puissent les intégrer avant construction. Cela permettrait d’apaiser les fortes tensions actuelles, en partie dûe au manque de concertation.
La mission ministérielle, va s’intéresser au fonctionnement de BioQuercy, du méthaniseur.
Oui, des scientifiques vont rencontrer les inspecteurs, j’en fait partie au titre des spéléos, il y aura aussi des apiculteurs …
Les problèmes liés à la méthanisation (nuisances,risques de pollutions) en milieu karstique seront posés.
Gramat est un cas d’école par la nature des intrants et par la qualité des digestats épandus.
Pour protester contre cette politique irresponsable de développement de méthaniseurs surdimensionnés au mépris de la concertation citoyenne et des avis scientifiques RDV ce mercredi 10 avril à 14H30 à Gourdon devant la salle des Pargueminiers
Nous, citoyens Lotois, soucieux de la préservation du causse, de l’eau et de notre santé, dénonçons que
Ce projet a été monté discrètement, en accord avec la commune de GRAMAT et le PNRCQ, sans concertation avec les citoyens, alors qu’il bénéficiera de subventions publiques. L’enquête publique s’est déroulée du 18 juillet au 19 août 2016, alors que la majorité des habitants étaient en vacances. Les deux numéros du journal communal « le courrier de Gramat » précédant l’enquête publique n’ont pas annoncé la tenue de cette enquête. La réunion « sur invitation » du 26/10/2016, a été initiée pour calmer quelques riverains de Gramat alors que le CoDERST (conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques présidé par la préfète) avait déjà eu lieu.
Ce projet démesuré menace notre environnement et notre santé. Il est prévu de traiter, jusqu’à 64 000 tonnes/an de déchets provenant du Lot mais aussi des départements limitrophes. Pourquoi ne pas privilégier plutôt des petites unités de méthanisation à la ferme ? En revanche le digestat obtenu (47 000 tonnes), devrait être épandu uniquement sur 4500 ha de Causse. Plus facilement lessivable que les autres amendements, il polluera les nappes phréatiques peu profondes et les eaux souterraines qui alimentent les captages en eau potable. Le sol Karstique des causses est vulnérable aux infiltrations des polluants par les fissures et par les ruissellements qui pénètrent dans les pertes. Il est anormal que les dernières études hydrogéologiques demandées par l’Agence Régionale de Santé et réalisées en 2013 et 2015 n’aient pas été prises en compte dans le plan d’épandage parce que « non opposables » d’un point de vue juridique.
Risque de pollution de l’eau mais aussi de l’air, le bureau d’étude engagé par le maître d’ouvrage indique que la cheminée du moteur de cogénération doit faire 27m réglementairement pour une dispersion maximale (le digesteur fait 23m), mais est missionné pour réaliser son étude de risque avec une hauteur de 10m. Qu’allons-nous encore découvrir dans les études de dangers et d’impacts ? Quels contrôles et par qui sur les intrants ? Les mesures de sécurité pour les risques « d’explosion » et « d’incendie » ont-elles aussi été contournées au mépris des salariés travaillant à proximité du site ?
Ce projet qui n’apporte rien à nos communes, 2 ou 3 emplois pour gérer toute l’usine et les quatre sites de stockage, met en péril notre qualité de vie et le patrimoine du parc naturel régional des causses du Quercy.
COLLECTIF CITOYENS LOTOIS
Ce mardi matin, les trois inspecteurs du conseil général de l’Environnement et du Développement durable (CGEDD) sont bien arrivés dans le Lot. Ils vont conduire durant trois jours une mission d’expertise sur le méthaniseur de Gramat et rendre leur rapport au ministère de ministère de la Transition écologie et Solidaire. Notre demande de les rencontrer a essuyé un refus, mais le préfet du Lot, Jérôme Filippini, qui a sollicité leur intervention a répondu à nos questions, juste avant de rejoindre la mission qui a visité le méthaniseur dans l’après-midi.
«Les dossiers d’autorisation et d’exploitation qui ont été délivrés à BioQuercy ont été transmis à la mission ministérielle avant sa venue sur le département. Elle s’y est déjà penchée et ses trois inspecteurs vont poursuivre leur expertise autour de 4 axes sur lesquels j’en appelle à leur vigilance et leur objectivité. Il s’agit de vérifier si les services de l’Etat ont bien fait leur travail, de démontrer s’il y a un risque avéré sur la faune et la fore (abeilles, vers de terre, etc.), de prendre en compte la notion de sols karstiques et la circulation de l’eau, et enfin de s’assurer que le plan d’épandage préserve les sites géologiques et les cavités connues».
Des investigations in situ
Ce mardi après-midi, les trois intervenants ont donc visité l’unité de biogaz. Demain, ils rencontreront le comité local de suivi qui se réunit tous les 6 mois sous la présidence du sous-préfet de Gourdon, Jean-Luc Tarrega. Ainsi que les élus, les parlementaires, les responsables de l’entreprise. Plus largement encore, le Parc naturel régional des causses du Quercy, les associations de défense de l’environnement, les opposants au méthaniseur, ainsi que des personnes non favorables aux autres projets de méthanisation lotois.
Le rapport sera communiqué dans 2 mois
Pour le préfet : «Le développement de la méthanisation est courant en France aujourd’hui et s’inscrit dans une réflexion de transition écologique, en permettant de traiter des effluents qui n’étaient pas valorisés. Mais face à l’opposition au fonctionnement du méthaniseur de Gramat ou au principe de ces unités et au caractère parfois anxiogène de ces contestations, j’ai souhaité avoir un éclairage objectif et m’assurer que les services de l’Etat dans le Lot avaient bien fait leur travail dans le respect de la sécurité, de l’hygiène, de l’impact environnemental, etc. Je veux des certitudes», nous a déclaré Jérôme Filippini.
Le rapport de ces experts ministériels sera rendu dans deux mois.
Laetitia Bertoni
La Dépêche