Une peinture volée par les nazis puis conservée au musée Henri-Martin a été rendue à ses propriétaires

Pendant la seconde guerre mondiale, l’hôtel particulier de la famille de Marguerite Stern, avenue Montaigne à Paris, est pillé par la Kriegsmarine, la marine de guerre allemande. Treize tableaux sont alors dérobés. Parmi eux, la Kermesse aussi intitulée Place avec église, obélisque et passants du peintre flamand Mathys Schoevaerdts.
Réalisée au XVIIe siècle, la toile qui représente des villageois réunis devant la façade d’une église tombe aux mains des Allemands pendant plusieurs années. « Car ce n’est qu’en 1947, quand les alliés perquisitionnent à Darmstad en Allemagne le domicile d’un professeur de danse ayant servi dans la Kriegsmarine qu’ils découvrent les treize tableaux spoliés dont celui du peintre flamand », raconte Camille Lavoillotte, guide conférencière à Cahors.

Sur les 13 tableaux récupérés, six sont restitués immédiatement à la famille Stern mais la provenance des sept autres n’est pas identifiée. Le tableau Kermesse est saisi par les autorités françaises en 1951 puis déposé au musée du Louvre puis confié, en 1955, au musée Henri-Martin à Cahors qui est Musée National de Récupération.

À l’abri des regards

Un décret du 30 septembre 1949 prévoit que ce tableau (matricule MNR 925) soit exposé au public dans l’espoir qu’il soit reconnu par son propriétaire. Mais, de 1955 à 2020, le tableau reste dans l’ombre. « La peinture n’a quasiment jamais été exposée, par manque de place, elle était seulement consultable sur le site musees-occitanie.fr et elle devait être affichée à la réouverture du musée », note Rachel Amalric, la directrice du musée.

Mais en juin 2019, un mail du musée du Louvre a contrarié les plans de l’équipe cadurcienne. « Les conservateurs nous ont appris que le statut juridique avait été établi ainsi que la provenance et qu’il devait être restitué à la famille Stern », précise la directrice. Dont acte, un an et demi plus tard, pour cause de Covid. Le 29 octobre 2020, les descendants de la propriétaire ont pu récupérer le tableau, à Paris. « Depuis 2013, l’Etat recherche activement les ayants droit de ces tableaux spoliés et le cas de ce tableau flamand prouve que cette quête fastidieuse porte parfois ses fruits, c’est encore assez rare tant les recherches sont difficiles », explique Camille Lavoillotte. La découverte tient en effet à une aiguille dans une botte de foin : « Il est très compliqué d’explorer les archives nazies beaucoup ont été détruites, tout n’est pas forcément archivé, et parce que les héritages ne s’accompagnent pas forcément de trace écrite », ajoute la spécialiste. En attendant, le tableau a été rendu dans un « très bon état de conservation » selon la directrice du musée. Sûrement que l’air cadurcien lui a été bénéfique : « Le vernis a légèrement vieilli, il nécessite un petit bichonnage pour décrasser, nettoyer et éclaircir la surface ». Autant dire pas grand-chose pour ce tableau qui revient de loin.

Un autre tableau volé bientôt exposé

À la réouverture du musée Henri-Martin prévue cet été, une autre œuvre spoliée par les nazis et récupérée en même temps que le tableau flamand sera exposée. Il s’agit de Rebecca à la fontaine (matricule MNR 793), une peinture du XVIe siècle à l’auteur inconnu. « Une hypothèse dit que ce serait un tableu de Véronèse acheté dans les années 30 par la famille Rochlitz », avance Camille Lavoillotte. La provenance de ce tableau n’a toujours pas été établie.

Manon Adoue La Dépêche

La confiscation des biens par les nazis

Des services nazis de confiscation spécialement institués entreprennent, à partir de listes1 établies bien avant le déclenchement de la guerre, le pillage et la confiscation de collections publiques et privées dans tous les pays qu’ils occupent ainsi que la spoliation des Juifs qui commence en Allemagne dès 19332. Des petites équipes en France, en Belgique et aux Pays-Bas vident entièrement tous les appartements juifs (au total 70 000 logements dont 38 000 à Paris3)

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https://www.telerama.fr/sites/tr_master/files/styles/simplecrop1000/public/medias/2014/11/media_119870/oeuvres-d-art-spoliees-le-groupe-de-travail-a-rendu-son-rapport%2CM180579.jpg?itok=4ammhCmX
Œuvres d’art spoliées

« La restitution est un vrai parcours du combattant »,

témoigne Sophie Seligmann. Petite-fille d’un antiquaire exécuté au mont Valérien, elle a voulu renouer avec son histoire alors qu’elle attendait un enfant.

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Spoliation nazie : 7 œuvres d’art volées à Paris sous l’Occupation restituées aux ayants droit

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Le 1er décembre 2020, le ministère de la Culture a annoncé la restitution aux ayants droit de Marguerite Stern de 7 œuvres d’art spoliées faisant partie des biens dites Musées nationaux récupération (MNR). Parmi les tableaux et dessins, on compte une aquarelle à la manière de Fragonard, une huile sur toile d’après Watteau, Place avec église, obélisque et passants de Mathys Schoevaerdts

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