Une vingtaine d’enquêteurs de la CPAM remonte la trace des patients zéro
À Cahors, une vingtaine d’enquêteurs de la CPAM remonte la trace des patients zéro et des proches qui ont pu être potentiellement infectés par le Covid-19. Un service créé dans l’urgence qui tourne sept jours sur sept.Une course contre la montre.
Avant elle était infirmière. Aujourd’hui, elle est aussi enquêtrice. À la Caisse primaire d’assurance maladie de Cahors, Anne traque depuis le 13 mai les patients « contact », ceux qui sont susceptibles d’avoir contracté le Covid-19 dans leur entourage. Une nouvelle mission pour laquelle elle s’est portée volontaire. « Jusqu’à présent je travaillais au centre d’examen de santé mais les consultations sont à l’arrêt depuis le début de la crise, j’ai voulu me rendre utile », explique l’opératrice. Anne ne fait pas de porte-à-porte. C’est sur son écran que tous les matins à 8 heures, elle regarde les remontées des médecins. Quand un patient apparaît comme testé positif dans son tableau de données (dont elle doit conserver le secret médical), elle met en place la procédure. La course contre la montre débute : elle a 4 heures pour recontacter le médecin qui a fait le signalement et 24 heures pour solliciter l’entourage qui a côtoyé le malade pour identifier les personnes à risques et remonter au patient zéro.
Appels, mails, SMS…
Et tous les moyens sont bons : « On appelle toutes les personnes qui sont entrées potentiellement en contact avec ce patient, si on n’a pas de réponse au téléphone, on laisse un message, on envoie un mail et si toujours pas de retour on envoie un SMS ». Sur le téléphone des potentiels malades, un numéro en 0900 s’affiche. « Ils sont rarement affolés quand on les appelle car ils savent déjà qu’un proche a les symptômes », glisse-t-elle. L’interrogatoire commence : « Dans quelles circonstances êtes-vous entrés en contact ? », « Avez-vous un médecin traitant ? », « Votre logement est-il adapté à la quarantaine ? » La chaîne de contamination se limite généralement à 3 ou 4 personnes à prévenir. Au téléphone, Anne rassure et donne les consignes : « Si vous avez des symptômes faites-vous dépister, si vous êtes positif, restez à l’isolement ».
Une vingtaine d’enquêteurs
Comme cette infirmière, ils sont une vingtaine à la CPAM de Cahors à être mobilisés : des médecins, des assistances sociales et des personnels administratifs déjà spécialisés dans la prévention. Un service créé de toutes pièces, dans l’urgence. « C’est une gestion inédite, en une semaine il a fallu rechercher et mobiliser 20 agents (dont 5 actifs par jour) qui avaient les compétences, mettre en place un planning, des rotations… », explique Vincent Maginot, le directeur de l’Assurance maladie du Lot. Surtout que sur les 125 salariés, plus de 80 sont en télétravail. Ces « anges-gardiens » sont sur le qui-vive de 8 heures à 19 heures, sept jours sur sept. Au début, Santé publique France avait estimé que la CPAM du Lot serait amenée à traiter près de 300 dossiers soit 20 patients par jour. Mais en quinze jours, les équipes ont traité une cinquantaine de dossiers. Loin du branle-bas de combat annoncé.
19 « patients zéro » identifiés
Depuis le 13 mai, la CPAM du Lot a remonté la trace de 19 patients zéro et de 34 cas contact depuis les sites de Cahors et de Figeac. En quinze jours, une cinquantaine de dossiers ont ainsi pu être traités. Tant et si bien que le service lotois a prêté main-forte aux CPAM du Nord et de l’Ile-de-France qui ont dû remonter les pistes quant à elles de 50 à 60 cas par jour.
Patient 0 = patient à l’origine de la recherche
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