Uxellodunum, dernier bastion de l’indépendance gauloise est dans le Lot, mais où?
Depuis des siècles, 3 sites lotois bataillaient autour de la localisation d’Uxellodunum, dernier bastion de l’indépendance gauloise que César, dans ses commentaires de la Guerre des Gaules, situe en pays cadurque. L’officialisation de cette localisation au Puy d’Issolud par le Ministère de la Culture le 26 avril 2001, suite aux recherches effectuées par l’équipe pluridisciplinaire conduite par Jean-Pierre Girault, n’a pas pour autant éteint les vieilles querelles.
Le rapprochement des «belligérants» semblait impossible…
Pourtant, ce lundi 27 novembre, à Luzech, à l’initiative de représentants associatifs, Gérard Alazard, maire, accueillait les représentants des «Amis d’Uxellodunum» (Puy d’Issolud), de «l’Association Pour Uxellodunum à Capdenac» et de «Sur La Route d’Uxellodunum» (Luzech) qui ont su se mettre autour d’une table pour transformer ces énergies perdues en vaines polémiques et cette passion commune pour leur patrimoine archéologique en une force vive pour agir ensemble.
Concernés par ce projet, des représentantes de l’Association «Racines» d’Alvignac et du Musée de la Raymondie à Martel ont pris part aux discussions et apporté leur vision et leur modération : en travaillant avec le centre européen du Mont Beuvray (Bibracte), elles ont, en particulier, développé l’idée que le développement des connaissances sur les oppida du Quercy ne pouvait qu’apporter un plus à la découverte du patrimoine lotois. Par ses compétences mais aussi sa diplomatie, Laurent Guyard, responsable de la cellule archéologique départementale, a permis aux discussions, animées certes, de devenir constructives, de rester courtoises et de les transformer en une première action concrète, en concertation avec la cellule archéologique départementale : «le circuit des oppida lotois», que tous semblaient appeler de leurs vœux.
Ce projet trans-départemental, culturel, pédagogique et touristique, se concrétisera dès 2018 par la création d’un fascicule d’information rédigé en commun !
En pays de rugby et pour résumer cette matinée, qu’il nous soit permis d’écrire : «essai transformé après une mêlée âprement disputée !».
Bravo pour cette belle entente…. Depuis 1973, date de mes premiers longs séjours dans le Lot, avant d’y résider, j’avais entendu parler de cette discorde…Je la rencontrais irrégulièrement au hasard de la lecture de textes du siècle précédent..
Une proposition donc : croiser ce problème « historique » avec un autre monument « historique » de l’histoire de la chanson au 20° siècle : https://youtu.be/XT287-ea1j8.
Merci Jean-Pierre, ça fait du bien.
En 51 avant JC, après la défaite d’Alésia, toute la Gaule est occupée par l’envahisseur romain…Toute ? Non ! Un petit village peuplé d’irréductibles gaulois résiste encore et toujours à César.
Voilà comment nous pourrions commencer à vous conter l’histoire d’Uxellodunum, vous remarqueriez que les aventures d’Astérix et Obélix ne sont pas totalement imaginaires. Le théâtre de cette illustre résistance fut vraisemblablement la vallée du Lot, la cité fortifiée de Capdenac correspondant parfaitement au seul texte contemporain des faits. L’histoire de ce village d’irréductibles gaulois nous est rapportée dans le livre VIII de la « Guerre des Gaules » de Jules César, ou plutôt d’un de ses proches collaborateurs. En effet le célèbre ouvrage résumant la campagne militaire qui vit les romains soumettre nos ancêtres, se compose de huit livres résumant chacun une année de guerre. Les sept premiers ont été rédigés par César lui-même, il s’arrête à sa glorieuse victoire sur la coalition gauloise de Vercingétorix lors du siège d’Alésia. Le huitième fut rédigé par Hirtius après la mort de César. Lorsqu’il écrit le texte relatif au siège d’Uxellodunum, Hirtius est un personnage de premier plan. Comme consul, il a pu consulter les archives de l’armée, et en tant qu’ami de César, il a eu accès à ses notes personnelles pour compléter les siennes. On est certain qu’il n’a pas fait uniquement appel à ses souvenirs. Les détails topographiques présents dans le texte que nous résumons ci-après le démontrent amplement.
En l’an 51 avant J.C., après la chute d’Alésia, à la huitième et dernière année de la Guerre des Gaules, deux chefs gaulois, Drappes (de Sens) et Lucter (du Quercy) s’unirent à la tête d’une troupe de gens qualifiés de « sans aveu, bannis et voleurs », pour continuer la résistance. Ils décident de rejoindre la province Narbonnaise, afin d’y créer un mouvement de révolte.
Informé sur l’intention des deux chefs gaulois, Caninius se lance avec ses légions, à leur poursuite. Les deux chefs celtes, talonnés par les légions de Caninius, renoncent à leur projet et restent sur le territoire des Cadurques (actuel Quercy). Lucter occupe avec ses troupes ainsi que celles de Drappes, l’oppidum d’Uxellodunum. Là du temps de sa prospérité, Lucter avait été très puissant, et il exerçait une grande influence sur les habitants de cette ville. C’était une place remarquablement défendue par la nature.
Caninius y vint tout aussitôt, se rendant compte que de tous côtés, la citée était défendue par des rochers très escarpés, dont l’escalade, même en l’absence de tout défenseur, était difficile pour des hommes portant leurs armes. Il répartit ses troupes en trois camps qu’il fixa à grande altitude afin de voir l’intérieur même de la place. A partir de là, il entreprit un retranchement qui ferait le tour de l’oppidum.
Craignant un long siège et soucieux de faire des provisions, Drappes et Lucter décident de rassembler des vivres, et de partir au ravitaillement, ne laissant dans la forteresse que 2000 hommes d’armes. Plusieurs jours durant, les deux chefs et leurs ravitailleurs prennent une grande quantité de blé au pays des Cadurques. Quant à Caninius, redoutant d’être attaqué du dehors, il ne se presse point d’entourer la place d’une ligne fortifiée. Après plusieurs tentatives réussies pour introduire le blé dans la ville assiégée, Lucter et Drappes sont surpris par les troupes romaines. Lucter, attaqué à l’aube, voit ses convois interrompus et s’enfuit en Auvergne avec un petit nombre de ses compagnons. Drappes, demeuré au camp de base, est fait prisonnier, et toute sa troupe massacrée. il se laisse mourir de faim. Les assiégés se trouvent maintenant dépourvus de chef.
Caninius ne craignant plus d’être menacé de l’extérieur, continue d’investir la place-forte. Sur ces faits, Fabius arrive en renfort, celui-ci s’attache à un autre secteur d’investissement. César, qui était chez les Carnutes (région de Chartres), reçoit de nombreux courriers de Caninius l’informant de la résistance obstinée des habitants d’Uxellodunum, et du mal qu’il aurait à en venir à bout, malgré le rapport de force tout à fait en sa faveur. Inquiet de la valeur d’exemple que pouvait susciter cette petite cité, il se hâte de venir avec toute sa cavalerie, laissant son légat Calénus le suivre avec deux légions.
Arrivé à Uxellodunum, lorsqu’on l’y attendait le moins, César jugea que l’on ne pouvait pas abandonner le siège. Informé que les assiégés avaient d’abondantes provisions, il résolut de les priver d’eau. Une rivière coupait la profonde vallée qui entourait presque entièrement la montagne sur laquelle était juché le nid d’aigle des irréductibles. La ville d’Uxellodunum était de toute part escarpée. La nature du lieu ne permettait pas à César l’éventualité de détourner cette rivière. Les assiégés pouvaient s’y rendre par des chemins très difficiles. Ayant reconnu leur mauvaise situation à cet égard, César plaça des archers et des frondeurs sur quelques points, et même des machines de guerre sur les descentes les plus facilement praticables par les Gaulois. Dès lors l’accès à la rivière était interdit au Gaulois, à moins d’y risquer leur vie.
Les cahiers de la belle vallée du Lot.