Vers un ecowatt de l’eau ?

Cet été, la France a connu un épisode de sécheresse historique : cours d’eau asséchés, nappes phréatiques taries, approvisionnement en eau réduit et même coupé dans certaines communes. Un véritable changement de paradigme :

« La question n’est plus de savoir s’il y aura des sécheresses mais quand. L’enjeu est maintenant de savoir comment bien partager une ressource qui reste constante mais qui tombe à des périodes décalées »

Jean Launay, le président du Comité national de l’eau (CNE)

Avec des automnes et des hivers plus doux, la végétation a continué de capter les précipitations, empêchant la recharge des nappes.

« La ressource renouvelable en eau à l’échelle d’une année a baissé de 14 % entre la période 2000-2010 et la période 2010-2020 ! »

Alexis Guilpart, animateur du réseau Eau et Milieux aquatiques pour France Nature Environnement.

 De quoi sérieusement inquiéter le gouvernement sur l’été à venir. Notamment parce que, en ce début de mois de janvier, six départements sont déjà en alerte renforcée, comme les Deux-Sèvres, la Haute-Garonne ou l’Ain, deux sont placés en alerte (le Lot et l’Oise) et quatre en vigilance, telles l’Ille-et-Vilaine ou la Savoie.

« Il y aura un avant et un après été 2022. »

Christophe Béchu ministre de la Transition écologique

 C’est sur ce postulat que le ministre a dévoilé mercredi 25 janvier 2023, dans un entretien au Parisien, les contours de son plan de sobriété « anti-sécheresse ».

« La quasi-totalité des départements a été touchée par des mesures de restriction et 700 communes ont connu des difficultés d’approvisionnement en eau potable. Et cela ne va pas s’arranger : le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) prévoit entre 10 et 40 % de baisse du niveau de nos cours d’eau d’ici à 2050. La nature ne nous laisse pas le choix. » 

Le ministre appelle tous les secteurs à faire des efforts, notamment les agriculteurs.

Demander aux agriculteurs d’être sobres

Le gouvernement se fixe comme objectif de « diminuer d’un peu plus de 10 % le volume d’eau prélevée dans nos sous-sols d’ici la fin du quinquennat. Soit une baisse de 4 milliards de m3 sur un total de 33 captés chaque année », annonce Christophe Béchu, qui n’a toutefois pas donné de précisions sur la méthode.

Autre objectif affiché : demander aux agriculteurs d’être sobres, « sans pour autant fixer trop de restrictions à l’agriculture française, ce qui nous pousserait à importer », nuance immédiatement le ministre dans l’interview.

Des restrictions en amont « moins contraignantes »

Concernant les particuliers, « nous consommons 150 litres d’eau par personne et par jour », met en avant Christophe Béchu qui annonce la création « d’une forme d’Ecowatt de l’eau sur lequel on trouvera l’état des tensions dans le secteur où on se trouve », un peu sur le modèle de ce qui se fait déjà pour prévenir les pénuries d’électricité en indiquant les départements en tension.

Y aura-t-il davantage de coupures d’eau, comme cela a pu être le cas lors de la sécheresse de 2022, dans plusieurs centaines de communes particulièrement touchées par le phénomène ? Le ministre veut justement les éviter en amont, en imposant des restrictions « dès qu’elles sont nécessaires, bien avant le début de l’été ». Elles seront ainsi « moins contraignantes et plus efficaces », sur des modèles horaires et non journaliers.

« Seul 1 % des eaux usées sont réutilisées en France »

Le gouvernement veut aussi se pencher sur les fuites.

On ne peut pas garder des communes qui gèrent seules la compétence eau potable. L’objectif d’installer la gestion de l’eau en intercommunalités en 2026 doit être tenu.

Autre sujet, la réutilisation des eaux usées. « Seul 1 % des eaux usées sont réutilisées en France. L’Italie, c’est 10 fois plus, l’Espagne, 20 fois plus et l’Israël 100 fois plus »

Pour conclure, Christophe Béchu souligne que les Français devront s’adapter face aux « conséquences du réchauffement climatique ». 

On en parlait déjà …