Voie verte Cahors-Capdenac: Un projet structurant pour le territoire?
C’est un peu l’Arlésienne dans le Lot. La création d’une voie verte en lieu et place de l’ancienne ligne ferroviaire Cahors-Capdenac n’en finit pas de faire débat. Depuis plusieurs années, le sujet divise d’une part les partisans de ce projet jugé structurant pour le territoire et d’autre part les défenseurs inconditionnels du rail qui rêvent de revoir un jour les trains circuler sur cette voie désaffectée. En début d’année, le Département a pris les devants en décidant la création d’un syndicat mixte pour l’aménagement et l’entretien de voies vertes ; un projet dont l’investissement pour le Lot est estimé à 21 millions d’euros.
Les trois communautés de communes concernées – le Grand Figeac, le Grand Cahors (lire encadré ci-contre) et la communauté de communes du Pays de Lalbenque-Limogne – sont appelées désormais à se prononcer sur l’adhésion à ce syndicat mixte départemental.
Au Pays de Lalbenque concerné par quelque 4,7 km de voie situés sur les communes de Saint-Martin-Labouval et de Cénevières, les élus ont donc été consultés lors du dernier conseil communautaire qui s’est tenu le 8 mars. Sans surprise, le premier vice-président de la communauté de communes, Jean-Claude Sauvier, maire de Laburgade et ancien secrétaire départemental de la CGT du Lot, a pris la parole et s’est fermement opposé à la voie verte, en particulier au déferrement de la ligne. Le président de la communauté de communes, Jacques Pouget, qui s’est positionné quant à lui en faveur du projet, a ensuite soumis la délibération aux élus qui ont voté à mains levées. 14 voix contre, 14 voix pour et 4 abstentions ont été dans un premier temps comptabilisées… avant un recomptage qui portait finalement à 13 le nombre de voix contre. «Un petit cafouillage», une erreur dans le calcul des voix qui fait grand bruit aujourd’hui dans ce dossier sensible.
Près d’un mois plus tard, plusieurs élus de ce territoire demandent que la délibération soit revotée, cette fois à bulletins secrets. Mais pour l’instant, le président Jacques Pouget n’envisage pas de réorganiser un nouveau vote si l’erreur n’est pas avérée. Le désaccord existe donc bel et bien entre le président et son premier vice-président suivi par d’autres élus mais tous deux veulent éviter une polémique sur ce dossier délicat. Pour l’heure, la date de la prochaine séance du conseil communautaire n’est pas encore connue.
Reste que l’adhésion ou non du Pays de Lalbenque au syndicat mixte départemental ne changera pas la donne. Le président du Département Serge Rigal l’assure : la voie verte est en marche dans le Lot.
Jean-Claude Sauvier, maire de Laburgade, 1er vice-président de la communauté de communes
Jean-Claude Sauvier avait prévenu : il ne votera pas en faveur de la création d’un syndicat mixte départemental pour la voie verte. «Ce n’est pas du tout dans un état d’esprit polémique mais j’ai expliqué pourquoi je suis contre ce projet» a indiqué le premier vice-président, maire communiste de Laburgade, surpris qu’autant d’élus de son territoire lui emboîtent le pas. «À ma grande surprise, beaucoup sont allés dans le même sens que moi. Au de-là du non-déferrement de cette voie, j’ai également mis en avant l’idée que dans nos communes on a aussi des voies vertes, des chemins de randonnée qu’on a du mal à entretenir. Quand on voit que le Département est prêt à s’engager pour 21 millions d’euros sur cette voie, je crois qu’il y a des sujets beaucoup plus importants à traiter». Jean-Claude Sauvier souligne de plus le fait que lors de cette séance communautaire du 8 mars, le syndicat CGT des Cheminots avait proposé une motion en faveur de la réouverture de la ligne Cahors – Capdenac qui a été… adoptée avec 12 voix pour, 11 voix contre et 8 abstentions. Aujourd’hui, dans un souci d’apaisement, l’élu souhaite un nouveau vote à bulletins secrets. Et va plus loin en demandant au président du conseil départemental l’organisation d’un référendum local sur la voie verte.
Jacques Pouget, maire de Lalbenque, président de la communauté de communes
Pour le président du Pays de Lalbenque-Limogne, le problème de la voie verte «dépasse largement la communauté de communes». Selon Jacques Pouget qui veut rester prudent sur ce dossier sensible, il s’agit d’une question essentiellement politique. «Je suis favorable à la voie verte parce que c’est un projet structurant comme l’a été en son temps la navigation» plaide-t-il. Il écarte néanmoins toute polémique sur ce sujet. L’intervention de son premier vice-président, Jean-Claude Sauvier, n’est absolument pas une surprise sur ce sujet. «Je ne suis pas surpris parce que quelques conseillers communautaires m’avaient informé de leur position sur ce sujet» assure-t-il. «Il y a un soutien politique à certaines orientations de groupes départementaux qui font que c’est un peu sensible».
Pour l’instant, Jacques Pouget n’envisage pas de faire revoter les élus du conseil communautaire. «Lorsqu’on a fait le vote le 8 mars à mains levées, on a relevé les noms des élus. On s’est retrouvé avec un vote de plus. Alors dans la mesure où au prochain conseil communautaire, chacun se retrouve dans le vote qu’il a émis le 8 mars, on ne revotera pas».
Le Grand Figeac : une voie verte avec ou sans train ?
La stratégie tourisme, c’est le nouvel enjeu sur lequel veut travailler le Grand Figeac. Dans un entretien, Vincent Labarthe, le président de la communauté de communes mentionnait une 1re étape : «Le basculement de l’Association de l’office de tourisme du Pays de Figeac en EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial), pour avoir une gestion plus efficiente. Un nouveau statut au moment où le débat autour de la voie verte va se poser au sein de notre collectivité». «Nous devons enclencher un processus de réflexion qui doit aboutir sur une décision d’orientation dès septembre. Nous allons donc auditionner un certain nombre de parties prenantes dans ce projet en mai et juin, afin que les élus se fassent une idée juste sur l’intérêt de cette voie verte. D’autant qu’au sein du Grand Figeac, s’ajoute la question : avec ou sans le train touristique ?», rappelait Vincent Labarthe. Une option que défend ardemment le maire de Cajarc, Jacques Borzo.
Pour Vincent Labarthe : «Le Département du Lot a donné le tempo, maintenant les communautés doivent décider de ce qu’elles veulent faire».
Au Grand Cahors, un vote sur le principe et les statuts en juin
Pour Jean-Marc Vayssouze-Faure, président du Grand Cahors, la voie verte est sur les rails pour l’agglomération. «Pour nous, les choses sont assez claires. On avait déjà exprimé par une délibération il y a environ un an et demi notre volonté d’avancer sur le projet de voie verte. Cela fait aussi partie du projet de territoire et le projet est apparu dans le schéma de développement économique et touristique. Nous saluons donc positivement la démarche engagée par le Département parce que c’est un projet structurant de territoire et c’est à cette échelle que nous devons l’appréhender. J’ai annoncé que nous voterons le principe et les statuts du syndicat mixte fin juin début juillet.»
L.B La Dépêche
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Voie Verte: Le feuilleton de la communauté de communes du Pays Lalbenque/Limogne
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