Vote d’une loi pour protéger et promouvoir les langues régionales
Défendu par le député Libertés et Territoires Paul Molac, le texte sur les langues régionales a été adopté par 247 voix pour, 76 votes contre et 19 abstentions, ce jeudi. Il permettra deux nouveautés majeures pour les partisans des langues régionales : l’instauration de l’enseignement immersif (effectué pour une grande partie du temps scolaire dans une langue autre que la langue dominante) et la création d’un forfait scolaire pour les écoles privées dispensant une scolarisation en langues régionales.
« C’est une victoire collective, avec des soutiens venus de l’ensemble des groupes parlementaires. Le tissu associatif s’est grandement mobilisé, il s’agit aussi de leur victoire », a déclaré Paul Molac, qui arborait un masque anti-Covid aux couleurs du Gwen-ha-Du, le drapeau breton.
« L’État doit pérenniser cet enseignement », selon Carole Delga
À cette occasion, la présidente de Région Carole Delga a tenu à « réaffirmer son engagement en faveur de la diversité linguistique » dans un communiqué. « Les langues font partie de notre histoire et leur transmission doit se poursuivre. La Région mène une politique volontaire et ambitieuse en faveur de leur développement et de leur valorisation. L’augmentation du nombre de parlants passe par l’enseignement de ces langues dès le plus jeune âge et durant tout le cursus scolaire », a-t-elle déclaré.
Elle a annoncé que plusieurs Régions, dont l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine, la Bretagne et la Corse, vont adresser un courrier au ministre de l’Education Nationale pour demander le rétablissement d’une offre d’enseignement des langues régionales, notamment au lycée avec une valorisation au baccalauréat ». « L’État doit pérenniser cet enseignement, c’est une nécessité culturelle et patrimoniale ! Cette loi doit y contribuer afin de renforcer nos socles culturels et nous rassembler », a ajouté la présidente de Région.
« Un trésor national »
Avant cela, les échanges ont été intenses dans l’Hémicycle. « Les langues régionales sont une richesse, un trésor national », a ainsi défendu M. Molac, très applaudi. « Mais cette richesse est classée en grand danger d’extinction par l’Unesco », a-t-il complété. Le pourcentage des élèves les apprenant « est totalement insuffisant pour leur pérennité, on a besoin de mettre l’accélérateur », défend-il.
En décembre 2020, le Sénat avait apporté des modifications majeures à la proposition de loi mais ces ajouts avaient été salués par M. Molac. Ils stipulent que la participation financière des communes à la scolarisation des élèves en langue régionale dans le privé « est due » lorsque la commune de résidence ne dispose pas d’école dispensant cet enseignement.
Si ce dispositif a été supprimé en commission à l’Assemblée nationale, il a été rétabli dans l’hémicycle malgré l’opposition du ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer et les mises en garde du président du groupe LREM Christophe Castaner, le tout sur fond de débats électriques.
L’amendement porté par Paul Molac a été adopté par 127 voix pour et 105 contre. Il ouvre la voie à une adoption définitive du texte car entre-temps l’instauration de l’enseignement immersif (effectué pour une grande partie du temps scolaire dans une langue autre que la langue dominante) a également été préservée malgré un amendement de suppression âprement débattu du gouvernement. Celui-ci ne souhaitait pas que soit remise en cause la place du français comme langue de l’enseignement et de la vie des établissements de l’enseignement public.
Mais les députés nombreux dans l’hémicycle ont infligé un camouflet au ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer en rejetant l’amendement.
Lors de la discussion, la plupart des députés ont fait état de leur histoire personnelle vis-à-vis des langues régionales, comme le LR breton Marc Le Fur ou le député corse Michel Castellani (Libertés et Territoires), ou ont multiplié les sorties en breton ou en alsacien.
Mais les échanges sont parfois houleux entre les défenseurs convaincus des langues régionales et ceux partisans de l’équilibre actuel. Il y a des « débats épidermiques, les langues régionales en font partie », a résumé le député LFI Bastien Lachaud.
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