« Vous avez envie de partager pendant cette période inédite »
Alors à vous de jouer,
pour un petit mot, une réflexion, un poème, un haïku, une photos… Oser!
Petit poème pour y aller
Carl Norac, Inédit
Un poème parfois, ce n’est pas grand-chose.
Un insecte sur ta peau dont tu écoutes la musique des pattes.
La sirène d’un bateau suivie par des oiseaux, ou un pli de vagues.
Un arbre un peu tordu qui parle pourtant du soleil.
Ou souviens-toi, ces mots tracés sur un mur de ta rue :
« Sois libre et ne te tais pas ! ».
Un poème parfois, ce n’est pas grand-chose.
Pas une longue chanson, mais assez de musique pour partir
en promenade ou sur une étoile,
à vue de rêve ou de passant.
C’est un aller qui part sans son retour
pour voir de quoi le monde est fait.
C’est le sourire des inconnus
au coin d’une heure, d’une avenue.
Au fond, un poème, c’est souvent ça,
de simples regards, des mouvements de lèvres,
la façon dont tu peux caresser une aile, une peau, une carapace,
dont tu salues encore ce bateau qui ouvre à peine les yeux,
dont tu peux tendre une main ou une banderole,
et aussi la manière dont tu te diras :
« Courage ! Sur le chemin que j’ai choisi, j’y vais, j’y suis ! ».
Un poème, à la fois, ce n’est pas grand-chose
et tout l’univers.
Carl Norac, inédit, pour le 22e Printemps des Poète / Le Courage
Parler un beau jour
Le bon vent se lèvera
Soleil d’un regard
Lettre à Colette, (en EHPAD – Unité spéciale) chambre 02. le 30/3/20 à J+14 du confinement
Ce matin, il neige! C’est tellement inattendu et incroyable, dire qu’il y a deux jours on était les bras nus…Il y a 2 jours, je suis allée rendre visite à mes abeilles. Je voulais savoir si tout se passait bien dans la ruche, en vue d’installer peut-être prochainement une hausse. Le printemps cette année était en avance! Mais voilà, il neige, et si le printemps me ravit le cœur, la neige me met en joie! Je retrouve mon âme d’enfant. C’est tellement beau, insolite et étonnant…La neige, c’est les balades silencieuses et ouatées, les bonhommes de neige fait à plusieurs, les jeux de famille au coin du feu, faire des crêpes et se régaler. C’est être dans l’insouciance! Et qu’est ce que cela fait du bien en ces temps chamboulés…Décidément drôle de printemps!
Ce matin en allant prendre ma douche, toute imprégnée de cette joie d’enfant, je me suis mise à fredonner cette chanson que chantait Bourvil, et que vous connaissez sûrement : « La balade Irlandaise ».
Un oranger sur le sol irlandais,
On ne le verra jamais.
Un jour de neige embaumé de lilas,
Jamais on ne le verra.
Qu’est ce que ça peut faire ?
Qu’est ce que ça peut faire ?
Tu dors auprès de moi,
Près de la rivière,
Où notre chaumière
Bat comme un cœur plein de joie.
Un oranger sur le sol irlandais,
On ne le verra jamais.
Mais dans mes bras, quelqu’un d’autre que toi,
Jamais on ne le verra.
Oui, qu’est ce que çà peut faire!? …et qu’est ce qu’on peut faire…
Juste être là, goûter le moment présent, parler à ceux qu’on aime, savoir dire je t’aime, je vous aime…Ecouter notre cœur d’enfant, et le reste on s’en fout, qu’est ce que çà peut faire…Ce matin je suis en joie.
Madame Colette, je tenais à vous dire, que j’ai pris plaisir à écrire cette lettre pour vous, qui je l’espère viendra égayer un petit moment de votre vie, et vous dire aussi que je pense fort à vous en ces moments difficiles, mais j’imagine que vous êtes bien entouré par une équipe professionnelle, attentionnée et dévouée.
Prenez donc bien soin de vous,
Bien à vous, amicalement.
Evelyne
Un texte qui m’a beaucoup fait rire. Il se peut que vous l’ayez reçu par ailleurs car il circule sur les réseaux sociaux, mais au cas où…
« JOURNAL D’UN CONFINEMENT
JOUR 1 – Mercredi 18 mars.
Premier jour à quatre à la maison. Journée ensoleillée, les enfants ont pu profiter du jardin. Pas encore de nouvelles de la maîtresse, j’imagine qu’il faut le temps de s’organiser. Ce midi, apéritif en famille, jeux l’après-midi ; Mathilde avait fait un gâteau au chocolat pour le goûter. Petit air de vacances !
JOUR 2 – Jeudi 19 mars. Première tonte de l’année ! J’adore l’odeur de l’herbe coupée. Les arbres sont en bourgeons, les tulipes sortent de terre, les premiers jours de printemps sont toujours agréables !
Foot avec les enfants qui ont fini par se disputer, comme toujours. La vie s’organise tranquillement.
JOUR 3 – Vendredi 20 mars.
Les premiers devoirs sont tombés pour Mathis : révisions sur les divisions. Surtout rester calme…
Léa fait des dessins pour papa et maman. Trop mignon.
JOUR – Dimanche 22 mars.
Le jardin est au carré, on dirait Versailles ! Comme quoi il y a toujours du bon à prendre ! Mathilde a les mains dans la farine la moitié du temps : gare aux kilos en trop !
Léa a épuisé la moitié du stock de pages blanches, c’est moche pour la planète.
Côté divisions, on rame…
JOUR 7- Mercredi 25 mars.
Si Mathis me demande encore une fois ce qu’est un dividende, je lui fais bouffer son cahier !
Léa a enfoncé toutes les pointes de feutres et chouine à longueur de journée.
Mathilde s’est lancée dans la confection d’un gâteau roumain à la purée de marrons et aux pruneaux. Est-ce vraiment une bonne idée ? Le temps commence à sembler long.
JOUR 10- Samedi 28 mars.
Je crois que mon fils est con, j’ai abandonné la division. On a une semaine de retard sur le travail envoyé par la maîtresse. J’ai vomi le gâteau aux marrons.
JOUR 11- Dimanche 29 mars.
La caisse à outil est nickel, j’ai rangé mes clefs plates par ordre de grandeur, les marteaux par ordre croissant de poids. J’ai trié tout ce qui pouvait se trier dans la maison : clous, vis, boutons, punaises (par couleurs), slips.. Je commence à voir flou.
JOUR 14- Mercredi 1er avril. On continue sur le passé simple. La décence m’oblige à me taire. ..
JOUR 15- Je rédige une lettre à l’attention du pape pour faire canoniser la maîtresse de mon fils. J’ai envie d’écouter Céline Dion en passant l’aspirateur dans le garage. Je crois que ça va pas le faire.
JOUR 16 – Vendredi 3 avril. « Les enfants prenâmes le goûter sur la terrasse ». Bon c’est fois-ci c’est clair, Mathis n’aura pas non plus le prix Nobel de littérature… J’ai envie d’épouser sa maîtresse…je crois que je commence à délirer…
Léa regarde la télé H 24.
Mathilde a commencé une pièce montée à cinq étages. Je le sens pas trop. J’ai déjà pris cinq kilos…
JOUR 17- Samedi 4 avril.
Je crois que j’ai chopé un Gilles de la Tourette avec ce putain de passé simple de merde !
La pièce montée s’est cassé la gueule.
J’ai des hallucinations, les dessins de ma fille me parlent !
JOUR 18 -Dimanche 5 avril. Pour la première fois de ma vie, j’ai prié Dieu…
JOUR 19 – J’ai bouffé la page du livre de conjugaison. Problème réglé…
JOUR 20 – Passé la journée à chercher le chien, on l’a perdu !
JOUR 21 – Merde, c’est vrai, on n’a pas de chien ! J’attaque ma cinquième bière de la journée.
Léa ressemble à un lapin qui aurait attrapé la Myxomatose.
JOUR 30 –
36 mars. Je suis sûr d’avoir vu passer la maîtresse de Mathis dans la pâture derrière chez nous : elle promenait son Bescherelle en laisse.
Je vais reprendre un ricard …
JOUR 31
J’ai les dents qui grattent, je transpire des yeux. Je me rends compte que mon slip est à l’envers. Comme je le porte au-dessus mon pyjama, j’ai l’air encore plus con.
JOUR 32
An 3020 après ma belle-mère. Plus de farine dans les magasins, Mathilde est prostrée sur une chaise dans la cuisine, elle fait la conversation au four.
Mathis essaye de diviser le passé simple. Léa bave devant la télévision. Les stocks de Ricard sont épuisés.
JOUR 40
37 avril 2028. Oh putain on a remonté le temps ! Il se passe des trucs bizarres… Il y a une dame dans ma cuisine qui pleure en regardant le four, je ne sais pas du tout qui c’est. Et cette petite assise dans le coin qui regarde en ricanant, elle me file les jetons. De toute façon je ne sais plus comment je m’appelle. Je ne sais même plus pourquoi j’écris. C’est la fin…
JOUR 50
Il s’est passé quelque chose. Il y a des gens partout, on entend « c’est fini ! », « C’est fini ! », « Plus de confinement ! ». Je ne sais pas ce qu’il se passe. Je sors pour voir. Je m’y reprends à trois fois avant de savoir enfin passer la baie vitrée. Je respire à pleins poumons. Je tombe dans les pommes. Direction les urgences.
JOUR 60
Vendredi 15 mai. Reprise du travail depuis une semaine. Mathilde, Mathis et Léa vont bien. La vie a repris son cours normal, si ce n’est que j’ai du cholestérol, du diabète, des troubles de la personnalité (mon double ne parle qu’au passé simple et cherche à diviser tout ce qu’il peut, c’est un peu pénible…) Mais bon nous en sommes sortis vivants !
Rendez-vous demain chez la psy, 15h30…
c’est vraiment très drôle, j’ai eu unsacré fou rire. Merci Dominique. salutations distinguées. A
La tortue s’avance, il ne la regarde pas, elle a le ventre creux, elle revoit les feuilles tendres qu’elle dégustait autrefois, son pas se fait plus lourd, la terre est sèche, elle avance, il ne la regarde pas. Millimètre par millimètre, elle s’approche, il ne la regarde pas. Il se réjouit de sa puissance, elle est bien trop petite et elle avance si lentement.Non, il n’y a pas de tortue méchante, et si elle l’embête, clair qu’il aura le dessus, il est si intelligent. Elle avance, il ne comprend pas.
Dans la campagne, encore si belle, un rire retentit, un rire strident, pourtant on ne voit rien, l’écho répercute ce rire glaçant dans toutes les directions.
La tortue ne lui a pas fait peur, elle est si lente, mais ce rire qui vient de partout et qu’on ne voit pas, faut-il s’inquiéter ? Le rire se mute en un cri, un cri violent, un hurlement : « Dernier avertissement »
Super !
Je me permets un conseil en toute amitié
Surveiller aussi le perroquet …
Au risque de …. Non. Je n’en dis pas plus . Voyez plutôt ce qui est arrivé à celui de Joann Sfar
Sinon chat va?